Plusieurs dizaines de Sahraouis ont manifesté mercredi à El Ayoune, capitale occupée du Sahara occidental, contre l'occupation illégale de leur pays et le pillage de ses ressources naturelles par le Maroc, selon le ministère sahraoui des Territoires occupés et des Communautés sahraouies établies à l'étranger. La manifestation qui a duré près de trois heures a été dispersée avec force par la police marocaine, faisant deux blessés, ajoutent les mêmes sources. Les manifestants ont scandé des slogans appelant au retrait immédiat de l'occupation marocaine du Sahara occidental et l'arrêt du pillage des ressources naturelles sahraouies par le Maroc. Ce pillage, souvent camouflé par le Maroc, a été une fois de plus soulevé au sein de l'Union européenne. Ainsi, ses juristes ont demandé des clarifications sur le projet d'accord agricole UE-Maroc, appelant à exclure le Sahara occidental de cet accord avant que le Parlement européen donne son approbation, a indiqué l'observatoire pour la protection des ressources naturelles du Sahara occidental (WSRW). L'accord prévoit une libéralisation substantielle des produits agricoles, produits agricoles transformés et produits de la pêche pour l'UE, en échange d'une libéralisation de 55% des importations de l'UE en provenance du Maroc. Le texte a été signé par le Conseil européen et le Maroc le 13 décembre 2010 à Bruxelles, mais a encore besoin de l'approbation du Parlement européen, a précisé la même source. Le service juridique du Parlement européen s'est également interrogé sur «l'application ou non de l'accord au Sahara occidental et sur la façon dont la population locale pourrait bénéficier de cet accord». En outre, il n'est pas aussi clair si «la libéralisation envisagée soit en accord avec les souhaits et les intérêts du peuple du Sahara Occidental». Etant donné que le Sahara occidental n'est pas reconnu comme faisant partie du Maroc, les Etats-Unis ont spécifiquement exclu le Sahara occidental de leurs accords de libre-échange avec le Maroc. Par ailleurs, des voix s'élèvent au Sahara occidental exigeant une enquête indépendante sur le démantèlement du camp de Gdeim Izik en novembre 2010. C'est ainsi que l'Association des Sahraouis victimes des violations graves des droits de l'homme (ASVDH) appelle dans un communiqué, publié jeudi, l'ASVDH à la «réparation des dommages causés par les pratiques de l'armée et des forces de sécurité marocaines contre des civils harcelés et leurs biens pillés et détruits dans le campement de Gdeim Izik et El Ayoune» et à cesser la «politique d'incitation raciste contre la population sahraouie». A titre individuel, les militants sahraouis continuent leurs actions de dénonciation. Ainsi Mme Claude-Mangin Asfari, épouse du militant sahraoui des droits de l'homme, Naama Asfari, détenu dans les geôles marocaines, a appelé jeudi la ministre française des Affaires étrangères, Mme Michèle Alliot-Marie, à intervenir pour améliorer les «pénibles conditions» de détention de son époux et de ses camarades à la prison de Salé, près de Rabat. «Leurs conditions de détention, après leur enlèvement très violent à El Ayoune, est une forme de torture psychologique incompatible avec le respect des droits fondamentaux de la personne humaine, et condamné par le droit international humanitaire. Cela en attendant que très vite une solution politique soit trouvée et que tous retrouvent la liberté qu'ils ont déjà chèrement payée», a-t-elle souligné.