Dans le cas des femmes battues, on dira que cette situation est inacceptable. S'il s'agit d'hommes battus, devons-nous mettre un point à la ligne et passer à autre chose ? Il existe des hommes qui souffrent en silence, car ne pouvant s'exprimer ou faire des confidences sur un vécu qui leur semble difficile à dévoiler. Les hommes battus, certes, ne sont pas nombreux, mais il en existe depuis la nuit des temps. Les souffrances des hommes battus sont similaires à celles des femmes qui se font quotidiennement ou occasionnellement tabasser ou insulter par leurs maris, leurs frères, leurs pères ou leurs oncles. Un homme battu est celui qui est constamment harcelé, lynché et frappé par sa propre femme, la patronne de maison ou «sa bourgeoise», comme on dit dans le jargon familier. Si des organisations, des réseaux, des associations de protection et d'aide aux femmes battues ont été créés, pour les hommes vivant une situation semblable, ceci est inimaginable, surtout dans un pays où la population masculine ne parle que de virilité et tient un discours de machos mal placés. Si cette vérité existe, elle est en même temps amère. Pour avoir un aperçu de ce que vit «l'homme battu», nous avons pris contact avec Karim*, un trentenaire qui n'a plus de perspectives dans sa vie conjugale tant ses déboires avec son épouse dépassent tout entendement. «Même Hercule ne pourrait supporter ma femme», a-t-il commencé par nous avouer. «C'est une psychopathe» Karim est un fonctionnaire qui arrive à peine à joindre les deux bouts. Marié il y a de cela 6 ans, deux gosses font le bonheur de son foyer. «Sauf que la peste frappe tous les jours chez moi. Je ne sais quoi ni comment faire avec elle», s'est-il exprimé, le poing fermé. Dans son témoignage, il a soulevé des agissements que le commun des mortels ne pourrait imaginer. «Chaque jour, c'est la torture morale. Quand je me lève le matin, elle m'insulte. Quand je sors pour aller au boulot, elle me jette à la tête une sandale. Quand je rentre, elle me casse la tête en ressassant de faux problèmes. Et quand j'essaye d'élever la voix, elle me gifle. Ceci est mon quotidien. J'ai déjà pensé à la tuer, mais je ne veux être promis à l'Enfer. J'ai aussi pensé au divorce, mais le bas âge de mes gosses m'en empêche. J'ai plusieurs fois parlé avec sa mère et son père, y compris ses frères, de ce que j'endure avec elle, mais ils ne me croient pas. Ils me disent que c'est à moi d'être un vrai homme et que leur fille, après tout, est une femme et elle peut être corrigée. Ma mère fait des dépressions à cause de ce que je vis. Elle pense que je suis envoûté, ensorcelé. Elle me soutient et heureusement qu'elle m'aime toujours. Mais à chaque fois qu'elle vient chez moi, c'est la guerre. Ma femme la renvoie, et en plus devant mes enfants.» En écoutant le témoignage de Karim, il est difficile de nier notre étonnement. Toutefois, et à l'écouter, nous constatons des similarités avec les multitudes de «drames» que vivent les femmes battues. «Je vous fais une autre confidence. Parfois, ma femme prend la ceinture et me cravache. Je pense que c'est une psychopathe», a-t-il ajouté. «Ne pas se fier aux apparences» Le malheur dans lequel vit Karim n'est souhaitable pour personne. «Je suis quotidiennement humilié. Ma femme, quand je l'ai connue, était comme une princesse. Un mois après, elle s'est transformée en sorcière. Ce que je conseille aux jeunes, c'est de ne pas se fier aux apparences, ni faire confiance à ses sentiments.» Karim avoue ne pas trouver de solutions immédiates à son calvaire. «Même le psychologue chez qui je suis allé pour m'aider à sortir de cet enfer, a ricané quand je lui ai raconté ce que je vis. Que vais-je faire alors ? Je pense que j'attendrais que mes enfants atteindront 13-14 ans, et là je n'hésiterais pas. J'opterai pour le divorce, même si cela me coûte des millions.» Mehdi B.