Ahmed Gaceb a été président du conseil d'administration de la SSPA Mouloudia d'Alger sur une période qui n'a pas excédé les deux mois. Il y a quelques jours, en démissionnant de son poste, il a confirmé que ça ne tournait vraiment pas rond au sein du plus vieux club d'Algérie. Un club qui, au lieu de se distinguer sur le plan sportif,fait les choux gras de la presse par des situations toutes aussi déconcertantes les unes que les autres. Nous avons pris contact avec Ahmed Gaceb pour qu'il nous explique ce qui l'a poussé à claquer la porte en si peu de temps. Vous n'êtes resté à la tête du conseil d'administration de la SSPA MCA que l'espace de quelques semaines. Après avoir pris du recul, n'éprouvez-pas quelques regrets ? Des regrets pour quoi ? Pour avoir accepté le poste ou pour en avoir démissionné ? Des deux... Sachez que je n'ai aujourd'hui aucun regret. Ce que j'ai fait, le l'ai fait en toute conscience. J'ai accepté le poste de président du conseil d'administration parce que j'avais la certitude d'apporter le plus dont le Mouloudia avait besoin. Il s'agit d'un club que je chéris et pour lequel je suis extrêmement attaché. Je n'avais pas le droit de refuser le poste du moment que je disposais de la confiance de tous. Si j'avais dit non à l'époque, on aurait dit que j'avais peur du combat et que je me désintéressais du sort du Mouloudia. Pour ce qui est de ma démission, elle était tout à fait logique au regard des péripéties par lesquelles je venais de passer. Rester à mon poste aurait été assimilé à de l'hypocrisie de ma part car cela aurait signifié que j'aurais continué à travailler avec des gens qui ne cessent de me donner des coups de poignard dès que j'ai le dos tourné. Apparemment, l'ambiance qui régnait au sein du conseil d'administration du Mouloudia était loin de vous être favorable... Il y a dans ce club des gens qui vous disent qu'ils sont Mouloudéens et que leur souci est d'en faire un très grand club, mais dans le fond, par leurs agissements, consciemment ou inconsciemment, ils ne font que nuire à son développement et bloquent son processus d'émancipation. En tant que dirigeant de ce club, j'avais déjà compris qu'il y avait des gens qui ne savent pas se prendre en main et aiment être dominés et dirigés. Ma position en tant que président du conseil d'administration de la SSPA n'a fait que conforter cette idée. Je crois qu'on n'a pas apprécié mon esprit d'indépendance, mon souci de m'éloigner de toute tutelle et des donneurs de leçon mais aussi de ceux qui veulent à tout prix vous orienter selon leur propre façon de voir les choses. Comme je n'entrais pas dans ce moule, on a tout fait pour me pousser à la démission car on savait que j'étais un homme à principes, qui n'aime pas qu'on lui marche sur les pieds et surtout qu'on lui dicte ce qu'il doit faire ou ne pas faire. Quelle a été la goutte qui a fait déborder le vase, la raison qui vous a amené à vous retirer de la scène ? Tout a commencé lorsqu'on m'a rapporté que Rachid Marif avait eu un entretien avec Omar Ghrib où il lui aurait dit qu'il était prêt à trouver de l'argent pour le club mais qu'en contrepartie il fallait que moi, Gaceb, je démissionne de mon poste. Ecoutez j'ai du respect pour Marif qui est un Mouloudéen comme tous les autres. Cela ne lui donne, cependant, pas le droit de décider de ce qui est bien ou ce qui n'est pas bien. J'ai appris qu'un peu plus tard il était allé avec Omar Ghrib rendre visite à Hamid Zedek auquel ils auraient proposé le poste de président du conseil d'administration après qu'il leur ait promis qu'il était capable de trouver de l'argent pour le club. Il ne s'agit là que de on-dit. Peut-on vraiment croire que ce sont ces informations sous forme de spéculations qui vous ont poussé à démissionner ? Des spéculations, dites-vous ? Sachez que l'information selon laquelle Marif avait demandé à Ghrib qu'il fallait que je parte s'il voulait qu'il ramène de l'argent au club a été rapportée par un quotidien sportif. Si ce n'était que de la spéculation j'aurais attendu des concernés qu'ils fassent un démenti. Comme il n'y en a pas eu, c'est que tout ce qui avait été écrit était vrai. Mais en fait, il y a eu une suite puisque juste après dans le même quotidien il y a eu un communiqué du conseil d'administration, signé de la main de Tafat, qui exprimait son soutien total à Marif. J'ai, alors, compris que ma place n'était plus dans ce conseil d'administration où siègent des gens qui ne cessent de vos poignarder. On vous a reproché, Omar Ghrib notamment, de n'avoir pas trouvé d'investisseurs pour le club... Concernant Ghrib tout ce qu'il aurait dit à mon sujet est faux. C'est lui-même qui me l'a affirmé. Pour ce qui est de l'argent, je n'ai jamais déclaré, en arrivant à mon poste, qu'il allait, subitement, couler à flots. Il y a tout un travail de prospection à effectuer et cela demande du temps. En outre, mon programme de travail faisait état de nombreux projets visant à se servir de l'image de marque du club pour renflouer les caisses. Je vous fais savoir que durant la période où Mohamed Messaoudi était président j'avais contribué à ramener 75% du financement du Mouloudia. J'avais également été derrière l'apport de 7 milliards de centimes octroyés par la firme Djezzy. Il n'empêche que le Mouloudia était empêtré dans de gros problèmes financiers... C'est vrai mais était-il le seul en Algérie ? Absolument pas. Si on m'avait laissé le temps et si on m'avait soutenu j'aurais pu mener mon action à bien. Allez-vous continuer à aller au stade pour soutenir le Mouloudia ? Je suis un authentique mouloudéen, cela personne ne peut me l'enlever. Personne ne pourra, également, m'empêcher d'aller au stade pour soutenir mon club de toujours. Et, croyez-moi, je vais continuer à le faire. Interview réalisée par