Déterminés à poursuivre leur mouvement de protestation jusqu'à satisfaction de leurs revendications, les paramédicaux ont, pour le deuxième jour consécutif, maintenu le mot d'ordre de grève auquel a appelé le Syndicat autonome des paramédicaux (SAP). Regroupés au centre hospitalo-universitaire (CHU) d'El Kettar, les grévistes ont encore exprimé leur ras-le-bol par rapport au «marasme» du secteur, renforcé par les agissements du premier responsable du secteur qui «ne fait que dans les promesses, une manière de gagner du temps», selon les intervenants. Au CHU Mohamed Lamine Debaghine, ex-Maillot, les infirmières, sages-femmes, anesthésistes et tous les employés formant le paramédical ont encore manifesté leur colère. Des pancartes et des banderoles sont soulevées, portant des slogans hostiles à la «politique adoptée par Ould Abbas», ne leur accordant aucun droit, notamment au dialogue. A rappeler dans ce sillage que le personnel paramédical a été exclu de la conférence sur la santé. La plateforme de revendications des paramédicaux se résume à plusieurs points, à savoir la promulgation de leur statut particulier et leur intégration dans le tableau A catégorie 11, la réintégration des cadres syndicaux suspendus, un salaire digne et une meilleure considération. Enfin, les paramédicaux réclament également à être intégrés dans le système LMD (licence, mastère, doctorat) pour bénéficier d'une formation (bac+4). Service minimum assuré ? A l'hôpital d'El Kettar, le service minimum est toujours assuré. Les personnes hospitalisées ont été correctement prises en charge. Idem pour les patients enregistrés dans les services des urgences. «Le service minimum est quotidiennement assuré. Nous ne voulons en aucun cas pénalisé les malades», affirme une infirmière, qui s'apprêtait à vacciner un patient contre la rage. Elle ajoute : «Vous voyez, ce genre de traitement ne doit pas être interrompu. Ma conscience m'interdit d'agir autrement.» Au niveau du CHU Mustapha Pacha, la situation est tout autre et le service tourne au ralenti. Les malades, pour leur part, se plaignaient d'ores et déjà du mauvais accueil. «En temps normal, ces infirmières ne faisaient pas leur devoir convenablement, alors que peut-on attendre d'elles lors des grèves ?», s'interrogeait une personne accompagnant sa mère, récemment opérée, pour un changement de pansement. «Le ministre doit écouter les grévistes» Contacté hier par nos soins, le porte-parole du SAP, M. Gachi, a indiqué que le ministère n'a engagé aucune piste de dialogue. Bien au contraire, il essaye de casser le mouvement de protestation, en minimisant le taux de suivi des paramédicaux. Selon le même interlocuteur, «le ministère joue, comme d'habitude, sur les chiffres et annonce un taux de suivi ne dépassant pas les 11%. Je ne vois pas exactement l'objectif d'une telle démarche, car moi j'estime que même si le débrayage n'est observé que par une minorité, le ministre de tutelle doit écouter ses revendications». Il ajoute : «En termes de chiffres, la grève a été largement suivie, particulièrement à Alger, où le taux de suivi le premier jour a atteint plus de 85%.» Selon lui, ce taux est appelé à augmenter, puisque plusieurs paramédicaux ont rejoint le mouvement au deuxième jour. «Le taux a atteint à Alger plus de 90%.» Interrogé sur la décision du tribunal administratif près la cour d'Alger, qui a déclaré la grève «illégale et injustifiée», le SG du SAP a précisé que les paramédicaux n'ont pas reçu notification d'une quelconque décision de justice décrétant leur grève illégale. Il réitère par ailleurs son engagement et celui de ses confrères à ne pas céder devant les menaces. «Les ponctions sur salaires décidées par l'administration, les menaces et les intimidations du ministère de la Santé n'auront pas raison de notre détermination.» Il saisit l'occasion pour faire appel à tous les paramédicaux afin de rester mobilisés, et ce, jusqu'à ce que le ministère accepte de prendre en charge leurs préoccupations socioprofessionnelles.