Les initiateurs de l'appel à manifester le 20 février au Maroc estiment que c'est le moment d'aller porter sur le terrain leurs revendications politiques, comme la liberté de critiquer et de manifester, la révision de la Constitution pour entériner la séparation des pouvoirs et la dissolution du gouvernement. Depuis le lancement de cet appel, les internautes marocains se déchaînent. Les fondateurs du mouvement Liberté et démocratie maintenant, sur Facebook, qui regroupe quelque 8200 membres, soulignent qu'ils «veulent une démocratie réelle, pas un théâtre où les partis politiques ne représentent personne». «Beaucoup de Marocains vivent dans une grande pauvreté et ce sont les mêmes familles qui détiennent les richesses et le pouvoir politique», dénoncent les fondateurs du site. Outre une certaine jeunesse, les mouvements islamiques surfent sur le vent de la contestation qui semble se lever dans le royaume. Le mouvement Al Adl Wal Ihssane (justice et bienfaisance), interdit mais toléré, et qui revendique 200 000 adhérents, n'a pas exclu de participer au rassemblement du 20 février 2011. Par ailleurs, un millier de diplômés chômeurs se sont dirigés vers le Palais royal à Rabat, jeudi 10 février 2011 dans la soirée, pour dénoncer l'inaction du gouvernement et demander la démission du Premier ministre, Abbas El Fassi. Mohamed Jeghllaly, chercheur en sciences politiques, prédit que les événements en Tunisie et en Egypte auront des effets sur le royaume. les subventions publiques doublées Le gouvernement marocain a annoncé hier un quasi-doublement des fonds de la Caisse de compensation qui finance la politique publique de subvention afin de pallier la hausse des prix des produits de première nécessité. Selon l'agence officielle de presse Map, 15 milliards de dirhams supplémentaires (1,3 milliard d'euros environ) seront ajoutés aux 17 milliards déjà prévus par le budget 2011. Aucune précision n'a pu être obtenue auprès du ministère des Finances sur le financement de cette augmentation des ressources de la Caisse de compensation. Le déficit budgétaire du Maroc était de 4% du PIB à la fin novembre 2010, soit l'objectif fixé par le gouvernement pour l'ensemble de l'année 2010 qui a vu les subventions publiques progresser de 126% à 25,9 milliards de dirhams. Le gouvernement s'était fixé un objectif de déficit de 3,5% pour 2011. La prévision de croissance était de 4% en 2010 et de 5% en 2011. Selon des calculs de Reuters, il s'ensuit qu'avec 32 milliards de dollars la Caisse de compensation coûterait à elle seule 4% du PIB marocain en 2011 si l'objectif de 5% de croissance était atteint. Le Haut commissariat au plan (HCP) a indiqué ce mois-ci que le PIB du pays devrait croître de 3,3%. Le Maroc subventionne fortement les produits de première nécessité comme le gaz, le sucre et la farine. Le mois dernier, il s'est engagé à les maintenir à des prix abordables même si une hausse des prix mondiaux des produits alimentaires et du pétrole avait un impact important sur les finances publiques cette année. L'annonce fait suite aux manifestations de rue qui ont secoué l'Egypte, le Yémen et l'Algérie depuis le renversement du président de la Tunisie par un soulèvement populaire à la mi-janvier, mais surtout à la veille de manifestations prévues le 20 février dans le royaume.