La Côte d'ivoire est toujours dans l'impasse en raison d'une crise postélectorale qui secoue le pays en dépit des nombreuses tentatives et missions de l'Union africaine (UA) et de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cedeao) qui ont toutes échoué. La tension est toujours à son comble dans le pays et notamment dans la capitale Abidjan où se tient le panel des quatre chefs d'Etat africains, dépêchés par l'UA pour dénouer la situation qui paralyse le pays. Le comité de médiation, composé de Jacob Zuma (Afrique du Sud), d'Idriss Deby Itno (Tchad), de Jikaya Kikwete (Tanzanie) et de Mohamed Ould Abdel Aziz (Mauritanie), est à Abidjan depuis lundi. Les représentants du comité se sont entretenus avec Laurent Gbagbo, le président sortant, et Alassane Ouattara, le président reconnu par la communauté internationale, afin de trouver une solution pour régler le conflit. À la suite de discussions avec les deux hommes, les quatre représentants de l'UA en sont arrivés à deux propositions : partager le pouvoir entre Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo ou organiser de nouvelles élections. Le partage du pouvoir s'effectuerait sous forme de rotation. Pendant que l'un serait président, l'autre occuperait les fonctions de vice-président. Au bout de deux ans, ils inverseraient les rôles. Le panel ne veut toutefois pas prendre position pour l'un des deux hommes. La situation idéale serait d'organiser un nouveau scrutin, mais les positions sont tellement arrêtées qu'il est impossible que l'un des deux antagonistes accepte. Le président du Burkina Faso, Blaise Compaoré, devait lui aussi se joindre au panel, mais contesté par le camp Gbagbo qui l'accuse d'appuyer Ouattara, il avait décidé d'annuler son départ à Abidjan pour des «raisons de sécurité». Dimanche soir, plus d'un millier de partisans de Gbagbo l'attendaient à l'aéroport. Ils le menaçaient d'empêcher l'atterrissage de son avion en territoire ivoirien. La Cedeao a d'ailleurs critiqué le maintien de la visite du panel de l'Union africaine à Abidjan en dépit de menaces contre le président burkinabé. Le président de la Commission de la Cedeao, James Victor Gbeho, avait lui aussi pris la décision d'annuler sa venue en Côte d'Ivoire. Sur place, le président sud-africain Jacob Zuma a aussi été pris à partie par des jeunes partisans d'Alassane Ouattara. Au moment de garer sa voiture devant l'hôtel du président élu, une vingtaine de jeunes ont entouré le véhicule. Les gardes du corps de Jacob Zuma ont dû s'interposer physiquement. La venue de ce panel a également provoqué des violences en Côte d'Ivoire lundi. Les troupes d'élite fidèles à Gbagbo auraient lancé des grenades et attaqué la population à l'aide de mitrailleuses et de lance-roquettes. Au moins six personnes ont été tuées à la suite des affrontements, incluant un garçon de 14 ans.