Le président ivoirien sortant, Laurent Gbagbo a rejeté l'offre d'amnistie que lui a proposée l'Union africaine (UA) et refuse de renoncer à la présidence au profit de son rival Alassane Ouattara, dont le camp reste toujours retranché dans le Golf Hôtel d'Abidjan. Après la fin de sa mission de médiation conjointe avec les émissaire de l'organisation régionale ouest-africaine (CEDEAO) à Abidjan, l'émissaire de l'UA, le Premier ministre kenyan, Raïla Odinga, a promis "une amnistie" pour Gbagbo s'il quitte le pouvoir. "Il (président sortant) ne sera pas poursuivi ou persécuté", qu'il reste en Côte d'Ivoire où choisisse l'exil, a déclaré M. Odinga, de son retour à Nairobi. Mais cette proposition a été carrément rejetée par le camp Gbagbo qui refuse de lever le blocus qu'il continue d'imposer depuis plus d'un mois autour du Golf Hôtel d'Abidjan, quartier général du camp Ouattara. "Il n'a pas été question d'amnistie", a réagit Alcide Djédjé, ministre des Affaires étrangères de Gbagbo, récusant toute idée d'exil au Etats-Unis. "Le président Gbagbo n'a pas besoin d'aller à Washington, il est bien là où il est, il restera là où il est", a-t-il rétorqué. Dépêché par l'UA pour coopérer avec les chefs d'Etat mandatés par la CEDEAO (Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest) en vue de résoudre la crise ivoirienne, M. Odinga a souhaité après son retour d'Abidjan qu'une nouvelle mission revienne "dès que possible" en Côte d'Ivoire pour ne pas laisser de "vide". M. Odinga s'est "félicité de la détermination de l'UA et de la CEDEAO (Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest) à maintenir leur position commune de principe et à agir conjointement dans la recherche d'une solution durable à la crise". La CEDEAO menace de renverser militairement Gbagbo si ce dernier ne cède pas de lui-même le pouvoir à M. Ouattara. Mais Gbagbo s'est dit prêt à négocier "sans préconisions" une "issue pacifique" à la crise née du scrutin présidentiel du 28 novembre, une offre de dialogue réitérée par M. Djédjé. Son camp maintient toujours le blocus et refuse de retirer ses forces autour du Glof Hôtel de la capitale Abidjan, conditionnant la levée du blocus au retrait d'Abidjan des Forces Nouvelles (FN ex-rébellion), dirigées par Guillaume Soro, Premier ministre de M. Ouattara. "Il suffit que les FN aillent à Bouaké, ce blocus sera levé", a indiqué M. Djédjé. Selon ce dernier, et contrairement à leurs déclarations, M. Gbagbo "n'a pas dit" aux émissaires africains venus le voir à Abidjan lundi "qu'il levait le blocus" du Golf hôtel, QG de M. Ouattara, reconnu président par la communauté internationale: "il a dit qu'il était prêt à étudier les conditions de levée du blocus". Depuis trois semaines, les Forces armées fidèles au président sortant dressent des barrages pour bloquer tout accès routier à l'hôtel, sécurisé par les FN et 800 Casques bleus de l'Opération onusienne (Onuci). Mardi au Quartier général du camp Ouattara, un militant a été tué à la suite d'un raid de policiers et gendarmes pro-Gbagbo. La crise politique et la tension qui persiste depuis plus d'un mois entre les deux parties, et a provoqué des violences qui ont fait 210 morts depuis la mi-décembre, selon un nouveau bilan donné jeudi par l'ONU. Celle-ci a déploré récemment une situation humanitaire et sécuritaire "délicate et alarmante", ce qui a poussé les Ivoiriens à quitter le pays chaque jour. Quelque 22.000 d'entre eux ont fui au Liberia, en majorité des femmes et des enfants, selon le Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR). La Côte d'Ivoire s'est retrouvée au lendemain de la présidentielle du 28 novembre dernier, avec deux présidents: M. Gbagbo, proclamé élu par le Conseil constitutionnel et M. Ouattara, déclaré vainqueur par la Commission électorale indépendante (CEI) et l'ONU.