Critiquée pour sa gestion des crises tunisienne et égyptienne, une tribune dans le journal Le Monde y a été même consacrée sous le titre «On ne s'invente pas diplomate», la diplomatie française semble tout faire pour se racheter en Libye. Aux côtés de son allié britannique, la Ve République est en première ligne de front contre le régime agonisant de Kadhafi. Et tant pis si Nicolas Sarkozy soit taxé de «revanchard» pour n'avoir pas digéré encore l'affaire des infirmières bulgares que le Guide n'aurait pas libéré pour les beaux yeux de la première dame de France mais bien contre une forte rançon. Vengeur ou non, le gouvernement de Paris prend les choses à cœur. Alain Juppé, le ministre français de la Défense, espère que le Guide de la Jamahiriya, qui est allé jusqu'à se comparer au roi de Thaïlande et à Elisabeth II du Royaume Uni avec laquelle il n'a pu devenir ami, est en train de vivre ses derniers jours au pouvoir. Cette fois-ci, c'est certain, la France ne va pas être à la traîne. Avec la Grande-Bretagne, a précisé Robert Gates, elle est la mieux placée pour imposer un embargo aérien s'il devait y en avoir un. Evidemment, après l'évacuation de l'ensemble des ressortissants occidentaux dont le régime du roi fou pourrait se servir comme boucliers humains autour et dans Tripoli, prise de fait en otage. D'ici à ce que le ciel de Libye s'éclaircisse, le couple franco-britannique fait le forcing au Conseil de sécurité de l'Onu, proposant une résolution pour que soient imposés des sanctions, un embargo total sur armes ainsi que la saisine de la CPI pour crimes contre l'humanité. Chinois et Russes vont-ils apposer leurs droits respectifs de veto ou, au mieux, s'abstenir ? Le Premier ministre russe, Vladimir Poutine, est contre toute ingérence dans les affaires internes de la Libye. Même avec ce millier de cadavres que les bouffons du roi génocidaire tentent de faire disparaître ? Ce que craint Moscou c'est que l'islamisme radical s'empare du pouvoir. Le parfait prétexte pour le régime du colonel Mouammar qui a choisi le moment pour annoncer sa plus fabuleuse découverte : Al Qaïda est présente en Libye. Du déjà entendu, l'ancien régime Saddam faisait une même confidence perfide alors que les fidèles de Ben Laden n'avaient jamais mis les pieds au Kurdistan irakien. Bref, le régime de Kadhafi peut toujours compter sur la Russie même si elle n'a pas pu faire grand-chose quand l'ex-SG de l'Onu, le Ghanéen Kofi Annan, déclarait que la fenêtre diplomatique se refermait au nez de Saddam Hussein. Son frère libyen, qui croit savoir à présent que les manifestants sont manipulés par Ben Laden et non plus par l'Occident honni, aurait-il juste le temps de rédiger son testament vert avant que Ban Ki-moon ne lui adresse la mise à mort de son régime ? D'après Anders Fogh Rasmussen, le Secrétaire général de l'Otan, les forces alliées n'interviendront pas en Libye pour la simple et bonne raison que personne n'en a fait encore la demande officielle. A vrai dire, tout dépendra des conclusions de la session spéciale du Conseil des droits de l'homme à Genève qui, en plus de bannir la Libye de cette instance onusienne, devrait décider de l'envoi d'une commission d'enquête sur place. Tellement nombreux les cadavres qu'il suffirait aux enquêteurs internationaux d'ouvrir les placards pour découvrir les crimes contre l'humanité du roi génocidaire. Une fois le rapport rédigé, faut-il s'attendre à une troisième guerre préventive au Maghreb à laquelle serait contraint le prix Nobel de la paix 2010 ? Un embargo aérien qu'assurerait le couple franco-britannique serait le bienvenu pour le gouvernement Obama. Toutefois, il doit intervenir avant que Kadhafi n'aille se réfugier chez Robert Mugabe, le président «élu de Dieu». Merveilleuse entente en perspective.