Souvenez-vous. A chaque fois que le chef de la diplomatie israélienne, Avigdor Lieberman, était interrogé par les médias sur la signature d'un accord de paix palestino-israélien, il répondait ceci : «Pas avant dix ans». Il semblerait que ce n'était pas des paroles en l'air. Le président Obama serait aussi de cet avis. Questionné sur le devenir des relations américano-israélo-égyptiennes, le président des Etats-Unis a déclaré : «vous verrez dans dix ans que les relations seront meilleures» que celles entretenues avec l'ancien régime de Moubarak. Le locataire de la Maison-Blanche pense-t-il la même chose des autres pays arabes dont certains dirigeants ont déjà pris le chemin de l'exil alors que d'autres sont sur le point de faire leurs valises ? Tout laisse croire que Barack Obama est en train de crayonner autrement le projet de remodelage du Grand Moyen-Orient. Sans y changer le fond, l'objectif final étant la pérennité et la sécurité d'Israël, l'actuel gouvernement de Washington table désormais sur une démocratisation de l'ensemble du monde arabo-islamique. Fini le temps de l'aventurisme militaire et de l'interventionnisme comme en Afghanistan et en Irak. Aux peuples concernés de se débarrasser de leurs dirigeants qui, en plus de les avoir privés de libertés et de démocratie, n'auraient fait aucun effort pour aider à la fin du conflit palestino-israélien. Le président turc, Abdullah Gül, a justement mis l'accent sur le premier point qui est intimement lié au second. Si les dirigeants arabes avaient choisi la voie de la réforme au lendemain de la chute du mur de Berlin et la fin de la guerre froide, ils n'auraient pas aujourd'hui à subir les actuelles situations de confrontation de l'intérieur. Quant à la main comploteuse de l'étranger, elle refuserait d'intervenir directement au nom du non-respect des droits de l'homme, mais ne se priverait pas de récolter les fruits mûrs des révoltes à travers le monde arabe. De toute manière, ni les Tunisiens ni les Egyptiens et encore moins les Libyens ne veulent d'une présence étrangère chez eux. D'ailleurs, selon Abdullah Gül, ça serait contre-productif que l'Otan prenne part à une quelconque opération militaire. Plus précisément dans la Jamahiriya libyenne puisque c'est d'elle dont il s'agit à l'heure actuelle. Tout dépendra, donc, de l'évolution des choses dans les prochains jours. C'est la position défendue par la France qui a salué la création d'un Conseil national libyen de transition, la révolte militaire des Libyens mérite plus d'un égard. Pour avoir bonne conscience, les Occidentaux imposeront-ils une zone d'exclusion aérienne ? Ce, afin de faciliter la chute de Tripoli et de son boucher qui croit pouvoir sauver son trône grâce à la médiation de sages latinos qui n'ont pas fait mieux, en matière de réformes démocratiques, depuis la fin de la guerre froide ? C'est justement sur les cendres fumantes de cette dernière que le président Obama, candidat à la prochaine présidentielle, compte mener à bien son Grand «plan de paix» dans sa nouvelle mouture démocrate. Au fait, le gouvernement des Etats-Unis a prié les Américains de ne pas se rendre au Yémen et a appelé ses ressortissants à quitter ce pays allié, devenu pays à risques. Le régime d'Ali Saleh paierait-il la facture du «flegme démocratique» avant celui d'Al Kadhafi, listé parmi les plus durs du monde arabo-islamique, aux côtés de ceux de Syrie et d'Iran ? Si les faucons de l'administration W. Bush avaient choisi de s'attaquer à l'Irak, considéré par le renseignement US comme étant le plus faible militairement, ce n'est pas étonnant que les colombes du gouvernement Obama choisissent de pousser leurs propres alliés modérés, les plus fragiles politiquement, vers la sortie. Cela fait aussi partie du Grand plan par lequel Obama veut réaliser la paix. D'ici là, les raids militaires et les visées expansionnistes de Tel-Aviv seront tous autorisés, droit de veto US l'impose.