Les négociations directes entre Israéliens et Palestiniens ont repris le 2 septembre dernier àWashington. L'intérêt n'était autre que prendre de langue pour les deux parties du conflit. Rien ne présageait ni ne présage une probable évolution de la situation. Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu prône, d'ores et déjà, des «solutions nouvelles» pour résoudre le conflit israélo-palestinien. L'Autorité palestinienne, quant à elle, craint qu'un nouvel échec des pourparlers enterre à jamais les efforts de paix et ouvre la voie sur l'inconnu. Le Premier ministre israélien, qui veut tirer les leçons de dix-sept ans de négociations depuis les accords d'Oslo, veut «réussir cette fois-ci». Mais réussir quoi ? Le responsable sioniste ne veut pas moins que «des formules nouvelles pour régler des problèmes complexes». Il appellera même à faire preuve de «créativité» sans toutefois exprimer clairement ces «solutions nouvelles à des problèmes anciens». Ce qui fait douter Mme Leila Chahid, la représentante de l'Autorité palestinienne auprès de l'Union européenne (UE). Hier sur le plateau de TV5 Monde en partenariat avec le journal le Monde et la radio France internationale (RFI), la représentante palestinienne a affirmé que le Premier ministre israélien était fort et dans une situation qui lui permettait de signer un accord de paix. Mais en avait-il vraiment l'intention ? Rien n'est moins sûr pour elle. D'autant plus que Mme Chahid se dit consternée par l'absence des Européens et des membres du Quartette pour le Proche-Orient aux négociations directes qui ont repris jeudi dernier à Washington. «Je suis aussi consternée que vous que les Européens et membres du Quartette ne soient pas assis à la table parce que nous avons répondu à une invitation du Quartette, pas seulement des Américains, et avons dit que nous voudrions que les termes de référence de ces négociations soient la déclaration du Quartette», a déclaré Mme Chahid. La représentante palestinienne s'interroge, à juste titre, sur le pourquoi de l'absence des Russes et des Nations unies. «Cette phase des négociations est entièrement prise en charge [par les Américains] pour le calendrier, pour les protagonistes assis autour de la table», a-t-elle poursuivi en ajoutant qu'il n'y avait aucune raison objective pour que «les Européens, représentés par leurs vrais représentants qui est lady Catherine Ashton (chef de la diplomatie européenne) [ne] soient [pas] assis à table avec les autres», a-t-elle encore dit. Cette méfiance, justifiée du reste, n'est pas pour présager des lendemains meilleurs. La seule personne à garder une part d'optimisme depuis la reprise des pourparlers est l'ancien Premier Ministre britannique Tony Blair, émissaire du Quartette pour le Proche-Orient. Tony Blair a estimé dans une interview publiée hier dans le journal le Monde qu'il y avait «de bonnes chances d'arriver à un accord» de paix après la reprise de négociations directes entre Israéliens et Palestiniens. «Pour la première fois depuis des années, nous avons de bonnes chances d'arriver à un accord. Et ce, pour deux raisons», estime l'envoyé spécial du Quartette pour le Proche-Orient (Etats-Unis, Union européenne, Russie, ONU). Pour lui, la première bonne raison de croire à un aboutissement de ces pourparlers est que le président américain Barack Obama fait du Proche-Orient l'une de ses priorités. Quant à la deuxième raison, elle se résume en l'approbation de toute la région à la reprise des négociations. L'Egypte, qui encourage les Arabes depuis sa propre signature des accords de paix avec l'Etat hébreu en 1978, abritera le prochain round de négociations prévu pour le 14 septembre prochain. Le porte-parole du ministère égyptien des Affaires étrangères a précisé dans des déclarations à la presse que les négociations auront lieu entre le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas et le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu et avec la participation de la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton. Toutefois, ces négociations directes s'inscrivent sous le sceau du pessimisme de l'opinion arabe. Celle-ci demeure très peu convaincue du succès de pourparlers qui se déroulent dans les conditions actuelles. La mésentente des Palestiniens, la poursuite de la construction des colonies, le désintérêt de gouvernements arabes à l'égard de la question palestinienne sont autant de raisons pour que la position de l'Autorité palestinienne ne soit pas très confortable pour mener à bien des négociations décisives et définitives. D'autant plus qu'Israël n'a pas encore fait montre de sérieux concernant ces négociations et l'application du droit international, des décisions internationales et de la 4ème convention de Genève. Les agressions d'Israël pendant et après la fin du premier round prouvent qu'il ne veut pas renoncer à la colonisation. Le secrétaire général de la Ligue arabe Amr Moussa n'a d'autre solution que d'appeler à donner une chance aux négociations directes entre Israéliens et Palestiniens tout en se demandant si Israël est réellement prêt à signer une véritable paix. L'objet des pourparlers directs entre les deux camps, qui ont repris jeudi dernier à Washington, est d'élaborer dans un délai d'un an un «accord-cadre» -avec des arrangements «intermédiaires»- fixant les grandes lignes d'un règlement final du conflit. Un tel règlement permettrait la création d'un Etat palestinien et l'établissement d'une «paix durable» au Proche-Orient. Le chef du gouvernement israélien a déclaré envisager un référendum en Israël s'il parvient à conclure un tel «accord-cadre». Son ministre des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman, ne croit pas à la possibilité de parvenir à un accord global «ni cette année ni pour la prochaine génération». C'est dire si l'issue de ces négociations ne pourrait être autre qu'un nouvel échec. G. H.