L'université algérienne est paralysée depuis plusieurs semaines en raison d'une panoplie de problèmes sans que les autorités n'interviennent pour mettre fin à cette situation qui pénalise les étudiants et qui risque de déboucher sur une année blanche. «Nous luttons pour l'annulation pure et simple du système LMD qui abrutit l'étudiant, c'est un système où l'étudiant ne cherche qu'à obtenir son diplôme sans se soucier du niveau et de la qualité de l'enseignement», a affirmé Mustapha, étudiant en 2e année en sciences politiques. Avant qu'un camarade ne lui emboîte le pas pour évoquer le décret qui met au même niveau un étudiant du système LMD et celui d'une grande école. «Le système LMD n'obéit, et nous l'avons souligné à maintes reprises, qu'aux besoins du marché du travail, ce que nous refusons en bloc», a-t-il dit. Les étudiants de l'université d'Alger avec ses trois fractions I, II et III se sont organisés en collectif afin de défendre leurs intérêts et ceux des prochaines générations. «Notre lutte n'a rien de politique, nos objectifs sont définis et obéissent au seul souci d'un enseignement de qualité et d'une considération importante de l'étudiant qui sera le cadre de demain», a expliqué Farid du comité de l'université de Bouzaréah. Même position chez les étudiants de l'Institut des sciences politiques et des relations internationales et celui des sciences de l'information et de la communication. Les étudiants arrivent en grand nombre chaque matin pour occuper les lieux des instituts sans pour autant suivre les cours. «L'université est devenue de nos jours un moyen de pression et une manière de mettre la main sur l'étudiant et empêcher son émancipation intellectuelle», a déclaré en substance Samir, l'un des membres du collectif de l'Institut de journalisme. Et d'ajouter : «L'étudiant doit être écouté et consulté». Les universités des autres régions du pays ne sont pas en marge, puisque des mouvements de protestation gagnent chaque jour une nouvelle région du pays. Ainsi, aux universités de Tizi Ouzou et de Béjaïa, il a été procédé à la mise en place des collectifs de défense pour la dignité de l'étudiant et son émancipation. Des étudiants de l'université d'Oran ont décidé de rejoindre le mouvement de protestation en envoyant un communiqué à leurs camarades d'Alger pour affirmer leur adhésion à «la révolte intellectuelle», tel que mentionné dans le document. Une réunion nationale est d'ailleurs prévue jeudi 10 mars au niveau de l'université de Bouzaréah regroupant tous les collectifs à travers le territoire national afin de mettre en place une stratégie capable de mener la lutte estudiantine, dont certains points sont déjà à l'ordre du jour, tels que la démocratisation de l'université, l'annulation du décret 10/315 et d'autres aspects socio-pédagogiques.