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Kadhafi dégaine l'arme du pétrole et bombarde la raffinerie de Ras Lanouf Alors que les Occidentaux s'activent afin qu'un embargo aérien soit imposé à la Libye
Bon orateur, Mouammar Kadhafi n'oublie jamais qu'il est avant tout un militaire. Pour le troisième jour consécutif, son armée loyale a pilonné sans répit la ville pétrolière de Ras Lanouf, poste avancé que l'opposition a choisi après son échec à prendre le contrôle de la ville de Ben Jawad. Campant sur cette ligne de démarcation, elle attendait toujours l'arrivée de renforts et l'envoi de matériel militaire par le Conseil national libyen qui, à présent, presse l'Ouest d'instaurer une zone d'exclusion aérienne, sans même l'aval des Nations unies, mais avec la garantie qu'aucun soldat ne foulera le sol libyen. Pourvu que l'opposition militarisée, peu expérimentée et désarmée face aux forces gouvernementales de Kadhafi, puisse avancer vers les faubourgs de Tripoli. Sans un embargo aérien, la mission est quasiment impossible. Chose sûre, les hauts gradés de l'armée britannique sont convaincus que le plan en question est réaliste et du coup faisable. Pour sa part, la France a réaffirmé pouvoir assurer la gestion de ce plan. Sauf que l'entrée en vigueur d'un tel embargo doit être validée par un feu vert du Conseil de sécurité de l'Onu. Il faut éviter de commettre une nouvelle erreur comme celle avant l'intervention en Irak, a prévenu le revenant Bernard Kouchner, avant de préciser que la communauté internationale était partie trop loin pour envisager un retour en arrière. Avec ou sans l'aval des instances onusiennes, a répliqué Mouammar Kadhafi, les Libyens (ceux qui sont restés fidèles à son régime) combattront jusqu'à la dernière goutte de leur sang. Car une telle initiative de la part de la communauté internationale prouverait, selon les fines analyses de Kadhafi, que les Occidentaux veulent «prendre le contrôle de la Libye et lui voler son pétrole». Mais ce qu'il faut savoir, c'est que le colonel, sans légitimité aucune, ses frères arabes et ses frères du Golfe l'ont lâché à un jour d'intervalle, n'a pas attendu la rédaction de ce projet de texte par les Franco-Britanniques pour déclarer la guerre. Sa priorité stratégique majeure étant la reprise en main de la ville de Zaouïa, ses forces destructrices se sont acharnées comme jamais depuis le début du siège de la ville, servant de zone tampon sur la route de Syrte. En plus de l'artillerie lourde, qui tire au gros calibre sans cible distincte, l'armée régulière, soutenue par des colonnes de mercenaires, a eu l'idée démoniaque de positionner des snippers sur les terrasses des immeubles, avec pour ordre de faire de Zaouïa une ville morte au sens propre du terme. Puisque si la ville tombe aux mains des kadhafistes, l'opposition est certaine que leur ennemi ne va pas se limiter à cette éventuelle victoire. Il continuera de mener ses contre-offensives à travers tout l'Est de la Jamahiriya avec pour objectif final, écraser l'opposition dans son fief de Benghazi et déclarer le Conseil national de transition libyen mort-né. Ne serait-ce que pour cette raison, les partisans de l'opposition espèrent que les choses vont bouger plus rapidement sur le plan diplomatique. «Obama, où es-tu ?», ne cessent de scander les combattants rebelles sur la ligne de front. Un énième appel du pied aux Occidentaux qui s'activent pour déposer au plus vite un projet de résolution visant l'instauration d'un embargo aérien. Quitte à endosser le rôle de néocolonialistes ? Ils ne feraient plus marche-arrière surtout si Kadhafi commence à jouer avec le feu autour des terminaux pétroliers. A ce propos, une énorme explosion a été entendue hier près d'une raffinerie située aux abords de la ville libyenne de Ras Lanouf. Des reporters de presse ont affirmé voir des flammes hautes de plusieurs centaines de mètres. Première sérieuse alerte.