La Coordination nationale autonome des étudiants (CNAE) a été créée officiellement hier par un groupe de comités autonomes de neuf universités et écoles supérieures du pays. Cette initiative a été lancée par le comité autonome d'Alger pour dénoncer le pourrissement caractérisant l'université algérienne depuis des années déjà. Une réunion tenue le 4 mars à l'université de Béjaïa s'était axée sur la coordination des efforts pour la satisfaction des revendications. Le congrès réuni hier dans un lieu non dévoilé de la capitale a regroupé les représentants des universités d'Alger, de Tizi Ouzou, de Béjaïa, de Bouira, de Mostaganem, de Blida, de M'sila, de Batna et de Constantine. Chaque université et école étaient représentées par trois délégués élus par leurs camarades. L'ordre du jour a été, quant à lui, axé sur les revendications clamées haut et fort depuis plusieurs semaines déjà en ajoutant d'autres propositions spécifiques à chaque université. Après l'évaluation de la situation qui prévaut au sein de l'université, les membres de la coordination nationale ont élaboré une plateforme de revendications nationale, pour passer ensuite à l'élaboration d'un code d'honneur et d'un règlement intérieur régissant la coordination et terminer avec une liste de propositions visant à mettre en œuvre les actions futures et les perspectives de ce mouvement. Les travaux de la réunion se sont achevés tard dans la soirée d'hier et un communiqué est en phase de gestation avant qu'il ne soit rendu public. D'après l'un des membres de la coordination, les décisions prises sont : «Le maintien de la grève et l'organisation de sit-in et de rassemblements devant le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique (MESRS) à Alger.» Samir a fait savoir au passage qu'un rassemblement est prévu mardi 15 mars devant le MESRS. Un autre camarade a annoncé la tenue d'une autre réunion avant le 27 mars, date qui coïncide avec la rencontre du ministre de tutelle, Rachid Harraoubia, avec les recteurs des universités et une autre réunion après le 27 mars pour évaluer les décisions de la réunion de la tutelle. Il est à noter que les élèves des écoles supérieures ont prévu une marche vers le palais de la présidence demain, pour interpeller le président de la République qui est, selon eux, «l'ultime recours». Le mouvement de grève initié par les étudiants depuis plusieurs semaines a pris de l'ampleur, notamment avec l'adhésion continue et en masse des étudiants de l'ensemble du territoire national. Concernant les organisations estudiantines agréées, un étudiant a fait savoir que «les organisations ont perdu leur ancrage, elles sont discréditées et étouffées par la masse. Elles n'ont jamais défendu l'intérêt de l'étudiant d'où notre décision de créer cette coordination». «Du côté de la tutelle, c'est le silence radio, nous avons tenté de prendre attache avec la tutelle pour ouvrir le débat, mais la réponse a été négative, que le ministère assume ses responsabilités, car le spectre de l'année blanche se profile à l'horizon. Nous allons organiser une grande marche pacifique à Alger si nos tentatives s'avèrent vaines», a révélé Chafik, un autre étudiant. A une semaine des vacances de printemps, les salles et les amphithéâtres restent vides, et ce, jusqu'à satisfaction des revendications des étudiants.