L'armée bahreïnie a tiré sur un millier de personnes qui voulaient reprendre un sit-in à Manama, faisant de nombreux blessés vendredi soir. Ceux-ci tentaient de se rendre sur la place de la Perle, dans le centre de la capitale, où les forces de sécurité avaient dispersé par la force jeudi à l'aube un sit-in de manifestants contre le régime. Selon des témoins, des tirs ont visé ces manifestants qui se trouvaient près de l'hôpital Salmaniya dans la capitale. Un peu plus tôt dans la journée, des milliers de Bahreïnis ont défilé dans le village chiite de Sitra, qui faisait ses adieux à trois de ses enfants tués la veille dans la répression policière d'un sit-in contre le régime à Manama. Scandant «Le peuple veut la chute du régime» ou «A mort les Al-Khalifa», la famille royale, la foule a défilé pendant plusieurs heures dans le centre de ce village de la banlieue de Manama. Brandissant le drapeau rouge et blanc de Bahreïn, les orateurs ont tenu à ne pas donner de dimension confessionnelle à la procession, scandant un slogan devenu populaire ces derniers jours à Bahreïn : «Ni chiites, ni sunnites. Unité nationale.» Alors que la tension demeure vive dans cette petite monarchie du Golfe, où est stationnée la cinquième flotte américaine, un groupe parlementaire pro-gouvernemental a demandé hier au roi du Bahreïn d'imposer la loi martiale pour mettre un terme à un mois de manifestations. Le monarque ne leur a pas répondu, mais les médias proches du pouvoir annoncent l'arrivée de renforts des Etats voisins pour prêter main-forte aux forces de sécurité du Bahreïn, laissant présager une répression plus forte des manifestations. A ce propos, un millier de soldats saoudiens sont entrés sur le territoire du royaume de Bahreïn, ont annoncé hier des sources autorisées saoudiennes. Quelques heures plus tôt, un conseiller de la monarchie bahreïnie avait déclaré que le royaume appelait à l'aide les pays voisins, membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG) pour faire face à l'ampleur des manifestations de protestation. Selon lui, les forces du CCG se limiteront à protéger des infrastructures stratégiques comme les installations pétrolières et électriques, ainsi que les banques. Pour sa part, une coalition de partis d'opposition, comprenant le premier parti chiite du pays, le Wefak, considéré comme modéré, a déclaré que toute intervention des forces régionales constituerait une déclaration de guerre et une occupation étrangère.