Plusieurs milliers de personnes sont sorties, dimanche, pour manifester à Rabat, Casablanca et dans plusieurs villes du Maroc comme Fès, Al Hoceima, El Jadida, Agadir ou encore Nador, pour réclamer davantage de démocratie et de justice sociale. Ils étaient plus de 15 000 à sortir dans les rues des villes, pour la deuxième fois, pour exiger le «changement du système politique». Banderoles et pancartes ont été brandies par les manifestants à Rabat et à Casablanca qui réclamaient le «départ du gouvernement». Certaines d'entre elles portaient des portraits des autorités politiques marocaines indésirables. Les manifestants scandaient aussi : «Pour la liberté et la dignité du peuple marocain.» Aucun dispositif policier important n'était visible à Rabat où plus de quatre mille personnes de diverses organisations syndicales, des retraités ainsi que des diplômés chômeurs ont battu le pavé. «Plus d'équité sociale», clamaient-ils. A Casablanca où le dispositif de sécurité s'est fait aussi discret, ils étaient plus de 5000 à manifester en scandant «non à la corruption et au clientélisme», selon des agences de presse sur place. Certains slogans réclamaient «un roi qui règne et ne gouverne pas». Des marches et rassemblements s'étaient déroulés dans d'autres villes marocaines. Cette manifestation s'est déroulée dans le calme et les protestataires se sont dispersés vers 12h30 locale. «Le Maroc devrait commencer à tirer sérieusement les leçons de ce qui se passe par ici», a commenté un des manifestants qui ont défilé le long des remparts de la vieille ville de Rabat. «Le roi n'a pas répondu aux demandes formulées lors de la première manifestation nationale. C'est la raison pour laquelle nous sommes à nouveau ici», a-t-il précisé. «De nombreuses femmes, le visage entièrement voilé, brandissaient des photos de membres de leur famille incarcérés lors de la répression menée après les attaques suicide de Casablanca en 2003. «Mon fils se trouve dans le couloir de la mort depuis sept ans. Ils l'ont condamné à mort parce qu'il prie. Parce qu'il est un bon musulman», a-t-elle déclaré. Le thème de la lutte contre la corruption était largement repris dans le cortège où des manifestants tenaient dans leurs mains des balais. L'Union socialiste des forces populaires (USFP), appartenant à la coalition gouvernementale, avait annoncé samedi qu'elle entendait se joindre à la protestation. Ces manifestations interviennent un mois après une première journée de manifestations le 20 février, à la suite d'un appel lancé sur le réseau social Facebook par de jeunes Marocains pour réclamer une nouvelle Constitution limitant les pouvoirs du roi et plus de justice sociale. Le «mouvement du 20 février», lancé dans la foulée des événements de Tunisie et d'Egypte, avait maintenu son mot d'ordre de manifestation pour ce dimanche, malgré la promesse du roi Mohammed VI d'engager de profondes réformes politiques. Dans un discours, le 9 mars, le souverain chérifien a annoncé une série de mesures – mise en place d'une commission pour réviser la Constitution, indépendance de la justice, séparation des pouvoirs et renforcement des pouvoirs du Premier ministre – semblant entamer une évolution vers une monarchie parlementaire. A un certain moment de la manifestation, à Rabat notamment, les slogans se confondaient devant le Parlement. Les revendications étaient diverses. Alors que certains soutiennent la constitutionnalisation de l'amazighité du Maroc, des manifestants islamistes réclamaient la libération de «prisonniers politiques» arrêtés suite aux attentats du 16 mai 2003 à Casablanca.