Le juge d'instruction Santiago Pedraz a prononcé, hier à Barcelone, le non-lieu en faveur de Mohamed Omar Dehbi, ressortissant algérien de nationalité américaine poursuivi pour «financement du terrorisme» d'Al Qaïda. Le juge a estimé «insuffisantes» les charges retenues contre le ressortissant algérien qui avait été arrêté en septembre 2010 à Barcelone où il réside. «Il n'y a aucune preuve que les transferts financiers effectués par le prévenu soient destinés au financement du terrorisme», a estimé le magistrat chargé de l'instruction de cette grave accusation contre un citoyen algérien qui a toujours clamé son innocence, assurant qu'il n'a jamais eu de contact ni de près ni de loin avec les groupes terroristes d'Aqmi. Le ministère espagnol de l'Intérieur s'est obstiné, avec la complicité de journaux espagnols et un certain zèle policier, à soutenir que Mohamed Omar Dehbi avait transféré 60 000 euros au compte de son compatriote Toufik Mizi, «une somme destinée à Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi)», avait affirmé sans preuve le ministère d'Alfredo Rubalcaba. Pour assurer sa défense, il a dû dépenser des sommes colossales. Sera-t-il indemnisé ? Rien ne permet de confirmer au regard des dizaines d'autres Algériens accusés depuis septembre 2001 de ces mêmes délits avant de se retrouver blanchis par la justice, après des années de détention. Tous ces citoyens algériens avaient été assistés par l'ambassade à Madrid et les services consulaires algériens en Espagne, «ce qui n'est pas rien quand on est accusé injustement de si graves délits», commente un ex-détenu, injustement incarcéré pendant deux ans à la tristement célèbre de Salamanque, sous l'accusation de soutien au terrorisme, qui a perdu son travail, sa carte de séjour et son honorabilité dans son quartier.