Après cinq jours de compétition et de festivités, la onzième édition du Festival du film amazigh, qui s'est déroulée cette année à Azeffoun, du 19 au 23 mars, a été clôturée mercredi par la remise des prix. La salle omnisports de la ville était pleine à craquer. Contre toute attente, les sept membres du jury, présidé par Mohamed Ifticène, ont décidé de ne pas attribuer le fameux trophée «l'olivier d'or» ( prix du meilleur film). Selon un membre du jury, «11 productions retenues en compétition (5 films courts métrages et 6 films documentaires) sont d'une qualité juste moyenne». Un membre du jury dira à ce propos : «pour évoluer, s'éloigner de l'amateurisme et se frayer un petit chemin dans le professionnalisme, il est impératif d'accepter le verdict des professionnels. Aucun de ces films présentés ne mérite le prix de meilleur film. Le travail présenté n'est pas médiocre, certes, mais plusieurs lacunes sur le plan technique sont à signaler, en plus des scénarios qu'il faut aussi améliorer, et des acteurs qui manquent amplement d'expérience.» Quant à Ifticène, président du jury, il expliquera qu'il est temps que le film d'expression amazighe retrouve sa vocation internationale, car, selon ses déclarations, le film d'expression amazighe ne se limite pas à l'Algérie. Toutefois, deux films seulement ont été primés par les jurés afin d'encourager davantage certains réalisateurs. Un prix spécial leur a été attribué, d'une valeur de 150 000 dinars. Il s'agit, en effet, de deux films documentaires sur l'histoire contemporaine nationale. Le premier est L'oiseau bleu, histoire secrète d'une guerre, un film documentaire de 52 minutes réalisé par Razika Mokrane, et le deuxième, un documentaire du réalisateur Embarek Menad, qui n'était pas présent lors de la séance de la remise des prix, concerto pour deux mémoires. Le film relate l'histoire de deux hommes durant la lutte de libération nationale. Deux prisonniers de guerre, un maquisard capturé par l'armée française et l'autre par l'ALN. Il faut signaler en revanche que pour cette année, aucun long métrage n'a été retenu pour la compétition. La qualité fait défaut aussi, selon Al Hachemi Assad, commissaire de ce festival depuis sa création en 1999. Un hommage à Tahar Djaout L'année passée, pour rappel, le film marocain (long métrage) Itto Titrit, avait remporté, haut la main, le prix de l'olivier d'or à Tizi Ouzou. Pour cette année, par contre, aucune production marocaine n'a été retenue. Concernant le panorama amazigh, 14 films ont pris part à cette compétition internationale. Le jury est présidé par Hadjira Oubachir. Un prix d'encouragement, d'une valeur de 15 millions de centimes, a été décerné au réalisateur Younès Zidani pour son long métrage Tassarut n Tudert (la clé de la vie). Pour le prix spécial du jury, d'une valeur de 100 000 Da, il a été attribué pour deux films documentaires. L'un de Tahar Yami, Décharge interdite, sur la situation écologique en Kabylie, l'autre du jeune réalisateur Farid Cherfaoui, pour son documentaire Imaksawen n Djardjar (les bergers du Djurdjura). Pour sa part, l'APC d'azeffoun a également décerné un prix d'une valeur de 150 000 Da pour le long métrage combien ça coûte ? du réalisateur Mokhtar Dahmani. 5 courts métrages, réalisés durant la durée de ce festival, ont été présentés au public. Ces films ont été tournés par 25 enfants de la commune Yatafène au niveau des communes d'Iflissen et de Tigzirt, notamment au village Tizi Temlel, sur des thèmes tels que la lutte contre le tabagisme et la violence en milieu scolaire… La cérémonie a été clôturée par un mémorable gala artistique animé par le chanteur Ouazib mohamed Ameziane et Bélaïd Tagrawla qui ont égayé l'assistance avec des chansons kabyles du terroir. Il faut rappeler que «la famille qui avance» n'a pas oublié l'enfant prodige d'Oulkhou, Tahar Djaout, premier journaliste écrivain assassiné par les terroristes. Un film documentaire sur sa vie et son parcours professionnel a été projeté lors de la séance d'ouverture de ce festival. Un vibrant hommage lui a été rendu à cette occasion.