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Intenses combats autour de Brega, les forces loyales assiègent Misrata Le Conseil national libyen estime que la chute de Kadhafi est une «histoire de jours»
Les combats entre pro et anti-Kadhafi se sont concentrés autour de Brega, ce site pétrolier stratégique sur le golfe de Syrte, où l'opposition aurait gagné du terrain. Cependant, la situation reste confuse. Fini le temps des percées spectaculaires de part et d'autre, le conflit s'est stabilisé autour de Brega, la ligne de front ressemblant davantage à une «frontière», séparant de fait l'est de l'ouest de la Jamahiriya. Parce que des combattants mieux entraînés et plus expérimentés participent à présent à la bataille de Brega que l'opposition ferait la différence, notamment grâce aux frappes aériennes de l'Alliance Atlantique Nord ? «Nous avons formé notre première brigade, entièrement composée de militaires ayant fait défection ou à la retraite», a déclaré l'ancien commandant de l'armée de l'air, Djalid Al Libiyi, à Benghazi. Interrogé sur le nombre d'hommes dans cette unité, il n'a pas souhaité répondre, ajoutant : «C'est la qualité qui importe.» «Avant la fin de la semaine, vous verrez un autre type de combat qui fera pencher la balance», a ajouté cet ancien pilote de chasse. Par ailleurs, l'opposition a formé un comité de crise pour tenter de gérer les régions qu'ils contrôlent et réorganiser leurs forces disparates et sous-équipées. Le général Abdel Fatah Younes Al Abidi, ancien ministre de l'Intérieur du régime de Tripoli, a été nommé chef d'état-major des troupes rebelles, malgré la méfiance qu'il suscite chez les opposants en raison de sa longue connivence avec Kadhafi. Une structuration qui devrait permettre à l'opposition de se mettre à hauteur des forces loyales, voire les affronter plus sereinement. L'approvisionnement en armes de l'opposition n'ayant toujours pas obtenu un consensus parmi les alliés, les anti-Kadhafi parviendront-ils à reprendre les villes de l'est sur la route de Syrte ? Abdelhafiz Ghoga, vice-président du Conseil national de transition (CNT), a estimé que du fait de facteurs combinés - isolement international, frappes et meilleure organisation de la rébellion -, la chute du colonel Kadhafi n'était plus qu'une «question de jours». Mais cet optimisme risque de ne pas s'avérer payer de suite, les coalisés ont reconnu être parvenus à détruire 25% seulement de l'arsenal militaire du régime de Tripoli. A présent que la ligne de front s'est fixée à Brega, l'Otan va-t-elle intensifier ses bombardements aériens pour ne serait-ce permettre aux opposants de glaner des points sur l'échiquier militaire. Le patron de la coalition en Libye a affirmé que l'Otan n'avait pas de parti pris, sa seule mission se limitant à intervenir là où des populations civiles seraient en danger de mort. S'agit-il d'un recentrage de la politique de l'Otan, qui ne voudrait pas paraître comme une armée d'occupation, même si elle n'envisage pas d'opérations terrestres ? Alors que le commandement US continue de retirer ses missiles et ses avions de combat du théâtre des opérations - le gouvernement Obama avait dit vouloir éviter un remake du scénario irakien -, l'Alliance Atlantique a déclaré avoir effectué 363 sorties depuis qu'elle a pris le commandement des opérations, le 31 mars. Seules 150 étaient planifiées comme des missions de combat, mais l'Otan n'a pas précisé si des cibles avaient été touchées. Toutefois, les frappes aériennes ne suffiraient même pas à tenir à distance les forces loyales de Kadhafi qui, en plus de bloquer l'avancée des opposants sur le front est, n'offre aucun instant de répit à leurs adversaires à l'intérieur et à la périphérie des villes stratégiques de l'ouest. Surtout Misrata, dont le siège remonte à des semaines. Seule ville restée aux mains de l'opposition sur le front ouest, elle a subi hier un énième pilonnage à l'artillerie lourde gouvernementale. L'offensive a également détruit les principaux entrepôts assurant l'alimentation de la ville, de farine et de sucre. Côté pertes humaines, 160 personnes, des civils pour la plupart, auraient été tuées au cours de la semaine écoulée. Selon l'agence turque Anatolia, un navire turc, transportant 250 blessés de Misrata, était attendu hier à Benghazi. Concernant le volet diplomatique, il n'y aurait pas eu de changements significatifs depuis le retour de l'émissaire de Kadhafi de Londres, qui serait parti négocié le départ conditionnel des Kadhafi père et fils.