Les travailleurs des Moulins Mitidji de Chorfa (Mascara) ont observé hier un sit-in devant la présidence de la République. Après avoir épuisé toutes les voies légales pour faire aboutir leurs revendications socioprofessionnelles, les 150 travailleurs ont décidé de s'adresser directement au président de la République pour mettre un terme à «l'injustice» qui perdure au niveau de leur entreprise depuis sa privatisation en 2005. En grève depuis le 3 mars dernier, ils se sont adressés notamment au Premier ministre et à l'Union générale des travailleurs algériens. Mais, en l'absence d'une réponse favorable, ils ont décidé d'observer un sit-in permanent devant la présidence pour demander au Président d'intervenir en leur faveur. «Depuis la privatisation, les droits des travailleurs sont bafoués», nous ont indiqué des représentants de travailleurs. Aucune augmentation de salaire n'a été appliquée depuis cinq ans, les contractuels n'ont pas été permanisés, certains travailleurs sont rémunérés à 11 000 DA», se sont plaints les protestataires qui comptent camper devant la présidence jusqu'à la satisfaction de leurs revendications qui concernent en priorité une revalorisation salariale, la permanisation de près de 85 contractuels et l'application des clauses du cahier des charges signé lors de la cession de l'entreprise qui était une filiale de l'entreprise publique Eriad de Sidi Bel Abbès. La convention collective n'est pas respectée également, ont-il relevé, dénonçant le licenciement abusif des travailleurs. Ces derniers ont obtenu des décisions de justice mais le propriétaire a refusé de les réintégrer dans leurs postes. L'effectif est passé de 600 à 150 travailleurs en l'espace de cinq ans. La gestion de l'entreprise est entachée, selon les travailleurs, de plusieurs irrégularités. Ils réclament une commission d'enquête et demandent à l'ex-entreprise mère de faire le suivi du processus de privatisation. «Les investissements prévus dans le contrat de privatisation n'ont pas été réalisés», ont dénoncé les travailleurs, regrettant «la dégradation de leur entreprise qui a vu certains de ses équipements vendus comme ferraille». Ils réclament la reprise de l'entreprise par Eriad Sidi Bel Abbès puisque le programme d'investissement «n'a pas été réalisé». Le débrayage des travailleurs risque de provoquer une pénurie de semoule sur le marché. Ce produit, selon les travailleurs, commence à se raréfier à l'ouest du pays puisque l'arrêt de travail dure plus d'un mois en plus de celui initié par les moulins de Mahdia de Tiaret qui observent aussi un débrayage.