Des membres de l'association «Les bénéficiaires légaux et légitimes» des 750 logements de Gué de Constantine, en partie illégalement occupés depuis 2001, ont été reçus hier matin en audience par le wali délégué de Bir Mourad Raïs, Salah Affani. M. Affani a rappelé à ses hôtes, qui demandent l'expulsion des indus occupants, que leur dossier est géré par le wali lui-même. Comme prévu le vendredi 1er avril dernier, les membres de l'association «les bénéficiaires légaux et légitimes» des 750 logements en chantier du programme APC/Anep de Gué de Constantine, se sont déplacés hier matin au siège de la wilaya déléguée de la circonscription administrative de Bir Mourad Raïs pour y tenir un sit-in de protestation. Ils protestent en fait contre le squat, depuis 2001, de 216 logements de ce chantier ainsi que contre le refus jusqu'ici des autorités d'appliquer les décisions d'expulsion prises par la chambre administrative de la cour d'Alger en 2002. «Le sit-in n'a pas eu lieu puisque une délégation a été aussitôt reçue par le wali délégué», explique au Temps d'Algérie un membre du bureau de l'association qui a assisté à la réunion. La présidente de l'APC de Gué de Constantine a également pris part à cette audience, mais sans intervenir dans le débat. La délégation, indique-t-on, a expliqué au wali délégué, Salah Affani, que des familles entières attendaient leurs logements depuis maintenant 22 ans et qu'il était urgent de leur proposer une solution concrète et acceptable. Le projet des 750 logements, lancé par l'APC de Gué de Constantine et financé par la Cnep, remonte à 1989. Une partie a été livrée dès 1994, mais le reste a été abandonné à partir de 1999. Le chantier a été complètement évacué alors que 216 logements étaient presque achevés et des immeubles au stade des fondations. L'arrêt des travaux de construction a favorisé l'occupation illégale des lieux par des familles étrangères au programme. Plusieurs tentatives de squattage ont été avortées grâce à la mobilisation des services de sécurité. Par contre, à partir de 2001 et à la faveur des troubles vécus en Kabylie, la cité a été réinvestie par les squatteurs sans être inquiétés. Ces derniers sont toujours sur place et demandent une régularisation administrative de leur situation étant donné qu'ils ont investi dans l'achèvement des travaux de construction à l'intérieur des appartements et qu'ils accèdent depuis quelques années à un minimum de commodités (eau, électricité,...). En réponse, M. Affani a déclaré à ses hôtes ce qu'ils ont déjà entendu de la bouche de l'ancien wali délégué, Maâmar Alaïlia : «C'est le wali en personne qui gère votre dossier». Il les a aussi assurés que les familles squattant leurs biens depuis dix ans allaient être évacuées sans qu'elles soient pour autant jeter à la rue. Dans ce sens, la délégation a pris connaissance de la proposition faite par la wilaya déléguée de Bir Mourad Raïs à la wilaya concernant les solutions envisageables à ce problème. «La proposition consiste à inscrire à l'évacuation la cité dans le programme de wilaya portant éradication des bidonvilles pour permettre le reprise du chantier», précise-t-on. Et comme la Cnep s'est définitivement retirée du projet, ajoute-t-on, M. Affani a informé la délégation que c'était la wilaya qui financerait l'achèvement des travaux de construction. Pour que tout cela devienne réalité, le wali doit se décider. Aussi, le wali délégué a promis au bureau de l'association de le contacter pour lui faire part de la décision finale du premier responsable de la wilaya. En retour, la délégation l'a informé qu'elle souhaite voir du concret d'ici à la fin du mois. «Les membres de l'association se réunissent sur le chantier le premier vendredi de chaque mois. Les autorités disposent donc de deux semaines pour nous faire une offre sérieuse. C'est en fonction de cette réponse que dépendra la suite des événements», dit-on. Pour rappel, l'association a arrêté, le 1er avril, une feuille de route qui consiste à organiser des «sit-in en cascade» afin de sensibiliser une nouvelle fois l'opinion sur une violation tolérée de l'ordre public et de non-application d'une décision de justice. A la fin du mois en cours, elle compte revenir à Bir Mourad Raïs. Si elle n'arrive pas à arracher quelque chose de concret à ce niveau, elle organisera comme prévu un rassemblement devant le siège de la wilaya à Alger-Centre.