C'est quoi un taxi ? Dans tous les pays du monde, la question ne se pose même pas. Le métier n'est pas aussi vieux que le monde, mais presque, puisque tous les Algériens encore en vie n'ont pas connu la période ante diluvienne où il n'y avait pas de taxis. Il doit bien y avoir quelques rares spécimens octogénaires ou plus qui ont réussi la performance de n'être jamais sortis de leur village perdu entre montagnes et vallées, à moins que ce ne soit entre les deux ergs du vaste pays qui est le leur. Mais ils sont tellement loin que personne n'ira le leur demander. D'ailleurs, on ne le demandera à personne, puisque la question qui se pose (encore), n'est pas de savoir si quelqu'un a connu ou non un monde sans taxi, mais de savoir ce qu'est un taxi, ce qu'on n'a pas besoin d'aller chercher dans les coins perdus. Un taxi est donc une voiture avec chauffeur, que ceux qui n'ont pas de voiture, ceux qui, bien plus rares la laisse au garage et ceux, trop riches donc trop pressés, ne prennent jamais le bus. Ce «moyen de transport», comme on dit, n'est pas compliqué : à moins d'aller le chercher dans une station ou carrément de l'appeler au téléphone, on se met sur un trottoir, on attend une voiture qui porte l'enseigne «Taxi», on fait signe au chauffeur de s'arrêter, on monte, on lui indique la destination et une fois arrivé, on paie la somme indiquée au compteur, si on est gentil on y ajoute un pourboire et si on est poli on dit au revoir et merci. Pas plus compliqué que ça. Mais ceci se passe dans les pays où la question de savoir ce qu'est un taxi ne se pose pas. Ici, comme on ne peut ni aller le chercher dans une station, ni l'appeler au téléphone, on se met sur un trottoir et quand le taxi passe, miracle, il ne s'arrête pas. Dans un cas " intermédiaire ", il ralentit à peine et vous somme de crier votre destination. Dans le meilleur des cas, il s'arrête, avec un client - ou plusieurs - déjà embarqués, «décide» de votre itinéraire, met la musique qu'il veut ou n'en met pas, fume en interdisant au passager de le faire, n'a jamais de monnaie, consulte rarement le compteur, prend le pourboire de fait, ne dit pas au revoir et vous foudroie du regard si vous ne refermez pas la portière avec d'infinies précautions. A part ça, il paraît que le ministère des Transports prépare un «décret qui définira les droits et les devoirs des chauffeurs de taxi». En concertation avec les «professionnels pour ne pas avoir, comme par le passé, à entrer en conflit avec eux», nous précise-t-on. Le client, lui, n'a que des «préoccupations» à prendre en charge. Normal, il ne sait toujours pas ce qu'est un taxi. Il n'en a jamais existé, en dehors de sa version hybride qui ne s'arrête pas, ralentit à peine, pratique le «jumelage», n'a jamais de monnaie et ne consulte pas le compteur. Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir