Présenté souvent comme philosophe, journaliste et actionnaire dans des médias français, dont la chaîne franco-allemande Arte, Bernard-Henri Lévy assume désormais une nouvelle fonction, celle de l'artisan de la «rébellion libyenne». Dans son plan de communication élaboré depuis l'éclatement de la guerre civile en Libye, il a livré aux journalistes les principales actions qu'il avait entreprises pour «renverser le guide de la révolution libyenne» en interposant les populations les unes contre les autres. BHL connaît Benghazi comme une tout autre ville française. Il s'est rendu, avait-il déclaré plusieurs fois, pour «soutenir la rébellion» et donner «des orientations aux insurgés». Le 14 avril dernier, il s'est rendu à l'Elysée avec trois Libyens engagés à Misrata pour livrer leurs comptes rendus au président Nicolas Sarkozy. Il s'agit de deux chefs militaires et d'un dirigeant politique, présenté par l'hebdomadaire politique L'Express comme le 12e homme du Conseil national de transition, répondant au nom de Souleiman Fortia. Selon L'Express, ces visiteurs du soir ont «dû attendre le départ des journalistes et de la délégation anglaise pour entrer par une rue adjacente et rencontrer Nicolas Sarkozy, vers minuit, en présence de son chef d'état-major particulier et de Jean-Daniel Levitte, son conseiller diplomatique. Leurs revendications sont simples : ils ne constatent aucun «enlisement», mais souhaitent plus de frappes, mieux ciblées ; ils veulent que cessent les arraisonnements des bateaux qui les ravitaillent en armes. Ils sont repartis dans la foulée par un Transall de l'armée française». L'engagement de BHL dans la guerre civile libyenne lui a valu des critiques acerbes, notamment en France, jusqu'à s'interroger sur le rôle du ministre des Affaires étrangères français, Alain Juppé, fraîchement désigné. Les médias français ont soulevé cette contradiction dans la gestion de la crise tunisienne, où des officiels français ont proposé leurs moyens humains et matériels (police, avions, bommes lacrymogènes…) pour mater la population tunisienne et sauver le dictateur Ben Ali, tandis qu'en Libye, la diplomatie et la défense françaises se sont précipitées pour accaparer le dossier. BHL, né à Béni Saf, est devenu le porte- parole de la rébellion à l'étranger. Il est invité par plusieurs médias et s'exprime quotidiennement sur l'évolution de la guerre civile en Libye en s'employant à une véritable propagande psychologique et médiatique, au même titre que son implication dans le dossier de l'Afghanistan. Il y a quelques jours, il a tenu à défendre un point de vue irréel, celui de dire qu'«il n'existe pas d'enlisement en Libye». Pour lui, «les civils résistants sont très impressionnants aujourd'hui de détermination et de dignité». Le philosophe assure intervenir dans ce dossier aux côtés de Nicolas Sarkozy. Devenu l'ami du président du Conseil national libyen Mahmoud Djibril, BHL est considéré comme un des premiers qui a appelé à l'usage des armes et à la violence contre le guide de la révolution libyenne Mouâmar El Kadhafi.