Les forces de l'ordre ont ouvert le feu hier sur des milliers de manifestants hostiles au régime au sud de Sanaa, tuant une personne et blessant plusieurs, avant une rencontre d'une délégation du pouvoir avec des médiateurs du Golfe dans la crise au Yémen. Quatre personnes, dont un photographe d'un journal local, ont été arrêtées, selon des témoins. Alors que le mouvement de contestation réclamant le départ immédiat du président ne faiblit pas près de trois mois après son lancement, le Conseil de sécurité de l'ONU devait tenir hier, en soirée, à l'initiative de l'Allemagne, sa première réunion consacrée à la crise yéménite. Dans le même temps, les ministres des Affaires étrangères des six monarchies du Conseil de coopération du Golfe (CCG) devaient rencontrer à Abou Dhabi des représentants de M. Saleh. Ils avaient reçu dimanche à Ryad une délégation de l'opposition dans le cadre de leur médiation. Toutefois, le pouvoir et l'opposition yéménites semblent camper sur leurs positions. «Nous réaffirmerons (aux médiateurs) notre attachement à la légitimité constitutionnelle. Nous n'accepterons aucun changement en dehors de cette légitimité», a déclaré un responsable du parti de M. Saleh, le Congrès populaire général (CPG), sous couvert de l'anonymat. Conduite par Abdelkrim Al Iriani, un conseiller de M. Saleh, la délégation comprend le chef de la diplomatie Abou Bakr Al Kourbi et le président du bloc parlementaire du CPG, Soltane Al Barkani. Sur la plan interne, des dissidents du parti du président ont annoncé la création d'une nouvelle formation politique qui a appelé au départ «immédiat» du chef de l'Etat, selon un communiqué publié hier. Les fondateurs du Bloc de la justice et de l'édification, dont des ministres et des députés qui ont démissionné du Congrès populaire général (CPG) pour protester contre la répression du mouvement de contestation, ont appelé «à un changement de régime» et «au départ immédiat» du président. L'opposition parlementaire, qui soutient les protestataires, s'est félicitée de la formation du Bloc de la Justice et de l'Edification, accueillie comme «un soutien à la révolte pacifique pour le changement». La nouvelle formation «n'aura aucun effet sur le CPG», a en revanche commenté un responsable du parti présidentiel, l'accusant sous couvert d'anonymat d'être «un groupe d'éléments corrompus».