4 mois après les émeutes dites «du sucre et de l'huile» qui ont conduit le gouvernement à prendre certaines mesures d'apaisement, voilà enfin qu'une commission d'enquête sur les raisons de la pénurie et la hausse des prix de certains produits alimentaires de large consommation sur le marché national est instituée. Une première dans les annales de l'Assemblée nationale qui a adopté hier à la majorité une résolution pour la création de cette commission initiée par le FLN. Cette commission, qui sera composée de 15 membres a-t-on appris hier auprès de l'un des initiateurs de la résolution, le député Bouchareb Maad, interpellée en marge de la séance plénière, devait être installée hier par le bureau de l'Assemblée populaire nationale (APN). Elle sera dirigée, selon notre interlocuteur, par «une majorité FLN». Elle s'attellera, selon le document qui explique les motifs et les raisons qui ont poussé ses initiateurs à proposer la résolution, «à enquêter sur les dysfonctionnements ayant marqué récemment le marché national, en raison de la pénurie de certains produits alimentaires de large consommation, tels le lait en sachet et la hausse des prix de l'huile et du sucre». «La commission œuvrera également à déterminer les tenants et aboutissants de la crise à travers les investigations avec toutes les parties concernées notamment les secteurs des finances, de l'agriculture, du commerce et du transport, ainsi que les importateurs, les producteurs, les distributeurs et les commerçants de gros et de détail.» Cette commission, première du genre «commencera son travail dès son installation», nous révélera Bouchareb Maad avant d'expliquer qu'elle aura un mandat de 6 mois pour achever son travail. «Ce délai pourrait être prorogé de 2 mois supplémentaires au cas où la commission n'aura pas achevé son enquête qui touchera plusieurs secteurs», a-t-il précisé. S'il est vrai que l'institution de la commission a eu l'aval de la majorité des députés présents hier à l'hémicycle Zirout Youcef, en l'absence des élus du RCD et du FNA qui ont boycotté les séances plénières, les représentants du PT ont, quant à eux, quitté la plénière alors que les élus d'Ennahda ainsi que les dissidents du MSP proches du mouvement de Menasra ont voté contre le texte. Le chef du groupe parlementaire d'Ennahda, M'hamed Hadibi, a même demandé d'intervenir au cours de la séance d'adoption avant qu'il ne soit remis à l'ordre par Abdelaziz Ziari qui lui a expliqué que pour les évènements de janvier dernier, «c'est un dossier qui relève du sécuritaire». Dans un communiqué rendu public, le groupe d'Ennahda s'interroge sur le fait qu'une enquête «sur le sucre et l'huile» a été instituée, alors qu'une autre proposition d'enquête sur les évènements de janvier «déposée lors de la session d'automne» n'a pas eu l'aval du bureau de l'Assemblée. «Une question éminemment politique» pour le député d'Ennahda qui nous expliquera que l'adoption de cette résolution n'est qu'un leurre pour «légitimer une assemblée illégitime en fin de règne».