Le Mouvement de la société pour la paix (MSP) a réitéré hier son soutien aux réformes globales annoncées par le président de la République tout en émettant quelques réserves «sur le fond et la forme». Le mouvement de Boudjerra Soltani qui souhaite connaître la nature, la composante et les prérogatives de la commission chargée de la mise en œuvre des réformes suggère que la loi fondamentale soit amendée en premier. Estimant que le discours du président «s'inscrit dans une démarche globale qui remonte à 3 mois, lorsque le chef de l'Etat a levé l'état d'urgence», le porte-parole du MSP, Mohamed Djemâa, invité de l'émission politique de la chaîne III a tenu à «apporter 4 à 5 observations sur les réformes, aussi bien sur la forme que sur le fond». Pour lui, il fallait d'abord «définir un calendrier», considérant que les réformes annoncées peuvent «se faire avant 2011 pour qu'on puisse affronter les échéances de 2012 avec des lois nouvelles (fondamentale, électorale, sur les partis…)». La deuxième remarque concerne la commission dont il faut définir la nature, la composante et les prérogatives. «A travers sa composante, on peut connaître les véritables intentions du système», a fait remarquer l'invité de la radio qui suggère «des personnalités politiques d'envergure, des juristes avérés et des représentants de partis représentatifs» comme composition. «Il ne faut pas qu'elle soit noyée par la présence de beaucoup de partis et des gens de l'administration», propose-t-il. En parallèle, le MSP opte pour «un débat politique, une large concertation qui définiront le contenu des réformes». «Les décisions ne doivent pas être prises de manière unilatérale, il nous faut des garanties», tonne Djemaâ, non sans préciser que «le système nous a habitués à la manipulation». Pour ce qui est du fond, Djemaâ affirme que le système parlementaire est «le plus approprié» pour l'Algérie, rappelant la proposition de son parti de dissoudre le Conseil de la nation «instauré dans une logique de transition et dans une conjoncture particulière». Pour l'invité de la radio, «la chambre haute n'a plus de raison d'être». Pourquoi le choix d'un système parlementaire ? L'invité de la radio est peu bavard sur le sujet, estimant toutefois qu'il s'agira de «marquer une rupture et de basculer vers une deuxième république». Le responsable du MSP pense dans ce sillage que les réformes doivent commencer par la loi fondamentale. «Il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs», a-t-il dit, suggérant au président de la République de soumettre la révision de la Constitution à un référendum populaire. «La constitution ne doit pas être soumise au parlement qui est très contesté», note-t-il non sans insister sur la préservation de l'article 178 «qui consacre les constantes nationales», d'où les réserves du MSP à propos de l'Assemblée constituante qui «remettra en cause toutes ces constantes». L'invité de la radio évoquera, s'agissant de la loi électorale, la préférence du MSP pour la proportionnelle «qui permet le mieux aux partis d'être représentés dans les assemblées élues», tout en évitant soigneusement de parler de l'avenir de sa formation au sein de l'Alliance présidentielle. Evoquant les contestation sociales, Mohamed Djemaâ a estimé qu'«on n'est pas à l'abri de ce qui se passe à nos portes», estimant que «croire que les contestations sont uniquement d'ordre social est une erreur». Elles sont aussi d'ordre politique, affirme-t-il.