Tout en valorisant le discours à la nation du président Bouteflika, qu'il a qualifié de «courageux, consistant et profond», le MSP estime, néanmoins, que le «projet des réformes» annoncé, à cette occasion, nécessite une définition des priorités, du calendrier de sa mise en œuvre - proposant qu'elle soit comprise entre le 1er mai et le 31 décembre - et ce, en mettant en garde contre sa dilution. Le président du MSP Boudjerra Soltani a, lors d'une conférence de presse tenue au siège national du parti, indiqué que les réformes contenues dans le discours du président de la République sont autant d'indicateurs au vu des lacunes qui méritent d'être comblées, du retrait du débat de la scène publique pour le placer dans de nouveaux cadres officiels et de l'abandon de la théorie des partisans de «l'exception algérienne». Pour lui, ce projet de réformes satisfait les demandes de la classe politique en proposant des éléments de réformes, mais ferme la porte à ceux qui demandent la dissolution du Parlement, le départ du gouvernement et ceux qui appelaient à une assemblée constituante, de même qu'il conforte le principe d'ouverture d'un débat national. Il ouvre également le champ à un paquet de réformes complémentaires à son programme électoral, qui concernent la révision de la Constitution et toutes les lois régissant la vie politique, économique, etc. du pays. Selon M. Soltani, il est normal que le discours présidentiel suscite des positions divergentes au sein de l'opinion publique et de la classe politique, puisqu'il a «dessiné le cadre général des réformes sans définir son contenu, ni ses priorités, ni aussi le calendrier, et n'a pas présenté des garanties de sa mise en œuvre». Aussi considère-t-il que les positions oscillaient entre celles de certaines élites, qui n'ont pas apprécié le discours, et la majorité de la population qui ne l'a pas compris. Soltani demande du concret. Cependant, au-delà de ce constat, le président du MSP a réitéré sa revendication pour des réformes politiques globales car, dit-il, la protestation sociale, si elle venait à se poursuivre, serait synonyme de faillite de certains responsables de l'Exécutif. Son traitement sans que «de profondes réformes politiques soient engagées, se répercutera par sa propagation et pourrait entraîner de graves dysfonctionnements, notamment la marginalisation du rôle des partis, du syndicat, de la société civile et des collectivités locales. La suspension des prérogatives des institutions constitutionnelles législatives et exécutives a mis les protestataires face à la présidence de la République et ouvert la voie à la protestation sociale», a-t-il affirmé. En soulignant la nécessité de profondes réformes politiques, Boudjerra Soltani a appelé M. Bouteflika à veiller personnellement au suivi de ces réformes annoncées, et ne pas les confier à l'administration vis-à-vis de laquelle il a émis des réserves. Il est impératif, pour lui, de voir la composante de la commission de révision de la Constitution constituée de personnalités qui réunissent les qualités requises, notamment «la compétence et le professionnalisme». Et que cette révision épargne l'article 178 de la Constitution afin de préserver les constantes nationales. M. Soltani a réaffirmé sa préférence pour un régime parlementaire, appelé à la dissolution de la Chambre haute du Parlement (Conseil de la nation), qui a été «instituée dans une période floue», revendiqué le débat politique et souligné son attachement à l'Alliance présidentielle. En définitive, Boudjerra Soltani appelle au retour à l'Etat de droit et du droit. A. R.