Considérant que le discours du président de la République a répondu dans une large mesure à ses revendications, le mouvement El Islah estime que la révision de la Constitution ne doit pas être soumise au Parlement. Il appelle dans ce sillage à l'organisation de législatives anticipées et à la formation d'un gouvernement d'union nationale qui se chargera de gérer «une période de transition» durant laquelle l'ensemble des réformes annoncées par le président de la République doivent être concrétisées. S'exprimant hier dans une conférence de presse ayant sanctionné une réunion du bureau national du parti tenue samedi, le secrétaire général d'El Islah, Djamel Benabdeslam, a affirmé que son mouvement est prêt à participer à la concrétisation de ces réformes, révélant qu'il installera incessamment des commissions de travail «qui formuleront les propositions du mouvement» pour l'ensemble des réformes annoncées. «Nous formulerons nos propositions d'ici 3 mois», a-t-il précisé, appelant les personnalités du monde syndical, universitaire et autres à soutenir sa proposition. Pour Djamel Benabdeslam, qui propose pour la révision de la loi fondamentale «une commission où siègeront les partis représentatifs», il est préférable que le chef de l'Etat, «seul habilité à engager la concertation», ou des représentants de la présidence, fassent appel à ces formations politiques. La commission qui doit être installée dans les meilleurs délais «doit être entièrement souveraine dans ses décisions», a souhaité le conférencier qui précise que les spécialistes en la matière ont «un rôle consultatif». El Islah qui n'a pas encore révélé le contenu de ses propositions penche toutefois pour «un système parlementaire ou semi-présidentiel» qui consacrera la séparation des pouvoirs. «Il faut des assurances quant à la consécration des libertés et des mécanismes pour éviter tout dépassement des pouvoirs publics», a précisé Benabdeslam. «Il faut aller de l'avant», préconise-t-il avant de se pencher sur les autres lois (loi sur les partis, loi électorale…), dont la révision est nécessaire. Invité par ailleurs à s'exprimer sur la crise qui mine son parti, le conférencier a précisé que Mohamed Boulahia, chef de file des dissidents, a démissionné de son poste. Expliquant que Boulahia a intenté une action contre l'exécutif actuel pour reprendre les rênes du parti, Benabdeslam affirme que cette dernière a rejeté sa requête. Le conférencier a par ailleurs souhaité une bonne fête aux travailleurs à l'occasion du 1er mai, regrettant que le gouvernement «favorise» l'UGTA qui n'est plus représentative, alors que le front social est en ébullition. S'exprimant enfin sur l'état de la presse en Algérie, le conférencier qui s'est félicité de la décision de dépénalisation du délit de presse appelle à la réhabilitation du Haut conseil à l'information et à l'ouverture de l'audiovisuel au secteur privé. Tout en dénonçant «le monopole de l'Etat sur la publicité à travers l'Anep», il réclame un véritable statut du journaliste à même «d'assurer une véritable liberté d'expression».