Excités comme des puces, les conspirationnistes reviennent thèses battantes. Le cadavre de Ben Laden au fond de l'océan, c'est un peu comme se faire rouler dans le sable. Sans aller jusqu'à condamner l'opération US, la critique du Hamas a été jugée scandaleuse par la Maison Blanche, la République islamique d'Iran s'est rangée du côté de ceux qui ne croient pas à la légende de la grande valise à la mer. Par la voix du président de la commission parlementaire iranienne des Affaires étrangères et de la Défense, Aladin Bouroujardi, le régime de Téhéran a mis en doute la fiabilité des informations sur la mort de Ben Laden. Ce n'est pas la première fois que les Etats-Unis annoncent le décès de l'homme qui vivait sans internet, sans téléphone et qui brûlait ses ordures dans le jardin de sa résidence pakistanaise. A moins qu'il soit à sa neuvième vie. Souvenez-vous, la planète mondialisée a eu droit à l'intox selon laquelle Ben Laden aurait chopé une hépatite. Après une quinzaine jours de bouderies et deux Conseils des ministres ratés, le revenant Président Ahmadinejad n'est pas prêt à avaler cette couleuvre. Il ne s'agirait que d'une affaire politico-politicienne par laquelle l'administration américaine cherche à arracher des acquis dont entre autres l'implantation d'une base militaire permanente en Afghanistan. W. Bush n'avait-il pas fait de la traque de Ben Laden la mission capitale des GI'S dans ce pays que sa mort sonne, à présent, la fin de l'engagement US ? Certes, le débat vient d'être relancé dans les arcanes du pouvoir américain, main rien n'annonce un retrait accéléré des troupes étrangères d'Afghanistan. Le cadavre de Ben Laden n'aurait même pas touché le fond que l'Otan s'est dépêché de préciser que la fin du chef djihadiste ne signifie pas mettre un terme à la lutte antiterroriste. Bien au contraire, elle doit se poursuivre, voire s'intensifier. Même en Afghanistan où le Président Hamid Karzaï a reconnu qu'Al Qaïda ne représente qu'une poignée de djihadistes et où les Talibans attestent que leur chef a pour nom le mollah Omar ? Alors que Silvio Berlusconi est défié par la Ligue du Nord, qui lui réclame une date précise sur la fin de l'intervention italienne en Libye, les pays de l'Otan semblent décidés à terminer le travail en Afghanistan. Leur crainte consistant en un retour au pouvoir des Talibans à Kaboul, ce qui ferait que le pays redevienne une base arrière pour les djihadistes. Ce qui fait peur davantage au régime de Téhéran, ce n'est pas le fait que les 47 coalisés passent quelques mois encore en Afghanistan. Ils finiraient bien par s'en aller et possiblement plus vite que l'Iran le pense, la polémique qui est en train de prendre de l'ampleur chez le voisin pakistanais à cause de la présence US sur son sol, révélée par l'opération commando contre Ben Laden, est en train de faire mouche. Ce que les Iraniens redoutent le plus, c'est que l'hyperpuissante Amérique brandisse de nouveau la carte du terrorisme pour déployer ses forces dans les pays du Moyen-Orient. Maintenant que le corps du défunt Ben Laden se décomposerait dans les abysses, le pouvoir iranien estime que les Occidentaux doivent non seulement se retirer d'Afghanistan et d'Irak, mais que l'idée d'aller guerroyer ailleurs ne doit même pas leur traverser l'esprit. Bref, il n'y aurait plus aucun prétexte à l'interventionnisme à moins qu'ils veuillent absorber la crise sur le Vieux Continent – l'UE et le FMI viennent de se lancer à la rescousse du Portugal – en pillant les richesses des néo-colonisés. Après avoir douté des informations sur l'élimination de Ben Laden, l'Iran doutera-t-il du récent attentat à Benghazi qui servirait directement les intérêts de ceux qui soutiennent une intervention terrestre en Libye alors qu'aujourd'hui même s'ouvre la réunion du groupe de contact à Rome ? Le régime de Téhéran a plus les yeux rivés vers son allié syrien qui dit combattre des groupes terroristes locaux. Il ne lui manquerait que l'aide des USA.