Il aura fallu plus de vingt-quatre heures au premier président noir de l'histoire des Etats-Unis pour évoquer, par message lu, le décès du roi de la pop. Pourtant, Michael Jackson a été le premier Noir à faire entrer la chanson afro-américaine dans les foyers blancs. Barack Obama se contentera d'un message aussi court que l'a été la vie du King : «C'est une icône à la vie tragique.» Plus précisément aux mœurs douteuses et à la peau blanchie. C'est dire, qu'en bon protestant, le président américain n'aurait en aucun cas pris la peine de rendre un hommage plus appuyé à cette icône planétaire. Surtout qu'en ce moment, ce ne sont pas les icônes qui manquent. Elles s'imposent comme de véritables symboles, à tel point que des polémiques s'ensuivent sans fin. Il s'agit bien évidemment de Neda, cette jeune Iranienne tuée lors d'une manifestation pro-Moussavi à Téhéran. Il aura fallu au pouvoir en place beaucoup plus de vingt-quatre heures avant de s'insurger violemment contre ce qu'ils estiment être de la pure propagande. Inexact, la jeune manifestante n'est pas tombée sous les balles des Gardiens de la révolution. Elle aurait été assassinée par les manifestants eux-mêmes, tous des comploteurs à la solde des Américains et des Israéliens. Et pour ce crime, l'ayatollah Ahmad Khatami a réclamé lors de son dernier prêche du vendredi, le châtiment suprême, l'exécution. Probablement la potence, condamnation courante en République islamique d'Iran. Mais pourquoi avoir attendu si longtemps pour désigner les présumés coupables ? Le temps qu'a pris l'enquête, voire l'autopsie ? L'ayatollah Ahmad Khatami (surtout ne pas confondre avec l'ancien président réformateur) n'en dira pas mot. Son discours, de ce qu'il y a de plus virulent, est destiné à la grande démocratie occidentale qui, elle, jure de ne pas s'ingérer dans les affaires iraniennes, mais continue tout de même de se déclarer «choquée, outrée et inquiète de l'ampleur de la répression sanglante en terre iranienne». Et si le président Obama s'est dit aimer l'Allemagne parce qu'Angela Merkel est à sa tête, il aime aussi la chancelière pour avoir remis une seconde couche quant à l'état funeste des libertés et des droits de l'homme en République islamique d'Iran. Ce qui a déplu davantage aux mollahs qui auraient cru que l'expulsion de deux diplomates britanniques allait mettre fin aux pressions occidentales. C'est tout l'effet inverse qui s'est produit et qui se poursuit. A Trieste, où doit se tenir le prochain Sommet du G8, a eu lieu une réunion consacrée entièrement à la situation en Iran. Le régime d'Ahmadinejad II n'a pas attendu que la énième condamnation tombe pour réagir. Il n'y aura ni recomptage des voix ni de rectificatifs à attendre de la part du Conseil constitutionnel. Car, comme le croit le Brésilien Lula, il n'y a pas eu fraude. Avant lui, c'est son homologue russe qui a jugé le scrutin bon à valider, au grand dam de l'Occident et de son leader Obama qui, en plus d'avoir haussé le ton, a réaffirmé toute sa détermination à barrer la route du nucléaire militaire devant les mollahs, l'Iran risquant d'encourager la course à l'armement non conventionnel au Moyen-Orient. Par quels moyens, si toutes les tentatives de reprise du dialogue venaient à échouer? W. Bush disait que toutes les options sont sur la table. On ne sait, depuis, si les stratèges militaires US ont rangé l'option militaire, ce qui fait de l'Iran la cible number one.