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«La collaboration de nos adhérents a aidé les services de sécurité à démanteler des réseaux de trafic importants» Attou Rachid, président de l'Amicale algérienne de lutte contre les fléaux sociaux
Des fléaux sociaux de diverse nature prolifèrent en Algérie. Le trafic de drogue et de stupéfiants, la violence ainsi que la prostitution sont devenus légion dans nos grandes villes en dépit des efforts des services de sécurité pour les endiguer. Collecter des informations et enquêter sur les réseaux malveillants et les communiquer aux services concernés sont les principales missions assignées à l'Amicale algérienne de lutte contre les fléaux sociaux (AALFS) que dirige Rachid Attou. Dans cet entretien accordé à notre journal, il dresse un état des lieux et nous fait part des difficultés rencontrées lors des actions entreprises par les adhérents à travers les 48 wilayas. Le Temps d'Algérie : Pourriez-vous nous donner un aperçu de la nature des activités de l'Amicale ? Rachid Attou : Je dois vous dire que nous avons opté pour des activités concrètes, à savoir la lutte contre les fléaux au vu de l'ancrage de ces derniers au sein de la société algérienne et au vu de la grande menace que cela constitue pour nos enfants. C'est en 2006 que nous avons opté pour le changement d'activités que nous considérons comme des missions nobles pouvant servir la nation. Nous sommes animés d'une volonté indéfectible d'assister les divers services de sécurité et autres institutions pour éradiquer les fléaux qui gangrènent notre société. Autant vous dire que chaque wilaya a ses propres spécificités, et le premier bureau a été installé à Tlemcen et les commissions sont progressivement devenues des bureaux de liaison. Suite aux investigations menées sur le terrain, nous avons constitué une banque de données à Alger qui regroupe les informations collectées à travers le pays. Nous communiquons ces informations aux services concernés, à savoir la police, la gendarmerie et autres services spécialisés dans la lutte contre la corruption ou autres fléaux comme le trafic d'armes, de drogue ou autres activités suspectes, comme l'espionnage économique. Certains rapports étaient envoyés à la présidence de la République quand il s'agissait d'agissements suspects de personnalités. Notre noble mission s'arrête à ce stade de communication et c'est aux différents services relevant des autorités de prendre le relais et procéder à l'arrestation des personnes. Depuis le déclenchement de ces opérations d'informations, nous avons constaté une baisse significative de certaines activités frauduleuses. Peut-on connaître le nombre actuel de vos adhérents ? Nous somme environ 15 000 adhérents sur tout le territoire national. Le chiffre remonte à 2009. Pour mener ce type d'actions, vous rencontrez certainement des difficultés ? Effectivement, nos activités gênent beaucoup. Des membres adhérents ont fait l'objet de poursuites judiciaires et ont eu gain de cause, car l'Amicale exerce légalement et conformément aux lois de la République. C'est surtout au niveau de certaines wilayas où des réseaux maffieux avaient la mainmise et jouissaient de certaines complicités qui nous ont tentés de faire obstruction en usant de leurs influences. Certains adhérents ont même reçu des menaces de la part de ces réseaux. Quelle a été la réaction des autorités publiques ? Nous avons transmis plusieurs correspondances, notamment à la présidence de la République. Les autorités ont loué nos activités et notre mission. Grâce aux renseignements glanés par nos adhérents, les services de sécurité et autres institutions ont pu démanteler des réseaux divers. Quels sont les critères requis pour être un membre de l'association ? Nous mettons l'adhérent à l'épreuve durant deux années après le serment qu'il est invité à prêter. Il faut préciser que des docteurs, des professeurs en jurisprudence, des économistes et d'autres spécialistes font partie de l'Amicale. Les conseils scientifiques au sein des wilayas sont justement pluridisciplinaires. Quels sont les fléaux les plus répandus en Algérie ? Incontestablement, le trafic de drogue, la prostitution, le trafic d'armes et bien d'autres types de trafic entrepris par des importateurs qui, en l'absence de contrôle rigoureux, continuent à introduire des marchandises contrefaites et parfois très dangereuses pour la santé publique. Pourriez-vous nous révéler des chiffres relatifs aux affaires que vous avez traitées ? Entre 2008 et 2010, les services de sécurité ont solutionné environ 250 affaires qui se sont soldées par des saisies importantes de drogue, d'armes et autres cargaisons prohibées. Les affaires de prostitution ont été également traitées et les adhérents ont même réussi à communiquer des informations sur des médecins qui pratiquaient des avortements dans des appartements et qui ont été arrêtés par les services de sécurité. Quelles sont les difficultés que vous rencontrez lors de votre quête de renseignements ? Le fait que les adhérents poussent leurs investigations jusqu'à l'extrême facilite souvent le travail des services de sécurité qui n'ont eu qu'à procéder à l'arrestation des personnes en flagrant délit. Nos activités ont fini par menacer les intérêts de certaines personnes influentes qui évoluent très souvent dans des sphères insoupçonnables et qui usent de leurs connaissances pour créer des problèmes aux adhérents. Logiquement, les autorités devraient assister les éléments de l'Amicale plutôt que de leur faire obstruction. Il y a eu des correspondances adressées au ministère de l'Intérieur recommandant le refus de collaborer avec l'Amicale. Nous sommes considérés comme des trouble-fêtes. Nous possédons des dossiers très compromettants que nous révélerons en temps opportun. Certains responsables nous font obstruction en donnant des instructions aux brigades de gendarmerie, en prétextant fallacieusement que l'Amicale n'est pas agréée alors que nous activons légalement avec un agrément délivré par l'Etat. Nous avons eu des problèmes à Chlef, lorsqu'un de nos adhérents a découvert des quantités importantes de drogue en 2009 qui ont disparu suite au rapport accompagné de photos que nous avons adressé aux autorités. Avez-vous un message particulier à adresser aux lecteurs ? Je voudrais adresser un message aux plus hautes autorités du pays afin de leur expliquer que l'Amicale est un organisme qui sert les intérêts de l'Algérie. J'espère que les autorités nous aideront dans cette noble mission. Entretien réalisé