Les habitants de la commune d'El Mouradia sont en colère. L'affichage de la liste des 60 bénéficiaires de logements sociaux a suscité la grogne de centaines de citoyens qui se sont regroupés devant le siège de l'APC pour dénoncer leur exclusion de cette opération. «La liste en question a révélé l'autre réalité méconnue d'El Mouradia», affirment des habitants rencontrés sur place. «El Mouradia a une réputation de commune pleine de villas haut standing où résident des riches alors que c'est complètement faux. Nous vivons dans des conditions déplorables et inhumaines. L'exiguïté a empêché nos enfants de fonder un foyer. Nous supportons la vie dans des appartements d'une pièce-cuisine mais nous ne sommes jamais sortis dans la rue pour brûler et casser afin de bénéficier d'un logement», ont déclaré les citoyens en colère. Les habitants ayant observé un sit-in hier estiment que les noms affichés sur cette liste ne sont pas ceux des résidents de la commune. Ils avancent l'existence de personnes étrangères et d'autres noms affichés sur la liste qui ne répondent pas aux critères pour bénéficier d'un logement social. Des enfants de chouhada, des handicapés, des vieilles femmes, des personnes malades et des familles menacées d'expulsion ont pris part à ce rassemblement. «Je suis orpheline de père. Je suis malade et j'ai subi plusieurs interventions chirurgicales. Mes injections coûtent plus de 15 000 dinars par mois sans traitement médical. C'est ma mère qui nous prend en charge grâce à son travail dans un hammam. Nous vivons dans des conditions très difficiles chez des proches. Nous avons attendu longtemps ce logement qui allait nous permettre d'avoir une vie digne. Hélas, le rêve s'est évaporé après qu'on ait vu cette liste», affirme une jeune fille âgée de 20 ans. Un jeune couple, dont la femme attend un enfant, s'est attaché les mains au barreau situé devant le siège de l'APC. Ils affirment qu'ils vivent dans des conditions déplorables et qu'ils ont été lésés par la commune qui ne les a pas introduits dans la liste des bénéficiaires. «Il y a des familles de dix membres qui résident dans une pièce-cuisine. Ce n'est pas normal qu'elles ne soient pas intégrées dans cette liste», disent les habitants. D'autres ont brandi leur décision d'expulsion pour montrer leur détresse. «Nous rejetons cette liste et nous demandons le départ de ce maire qui ne défend pas les habitants de sa commune», réclament des jeunes. «Plusieurs commissions d'enquête sont passées pour voir dans quel état nous vivons. Ce n'est pas normal que la liste ne contienne aucun habitant de la cité dans laquelle j'habite. Nous remettons en cause les résultats de cette commission», dira une autre dame. L'avis du P/APC Mohamed Saïd Benmejdoub, P/APC d'El Mouradia a affirmé que trois commissions dont deux de la daïra ont effectué une enquête sur les 1200 dossiers de demandes de logements sociaux de l'APC. «Ils ont recensé 300 familles les plus touchées et il a fallu en choisir 60 selon le quota qui a été attribué à la commune», a-t-il expliqué, soulignant que les citoyens ont un délai de 8 jours pour déposer un recours «et dénoncer ceux qui n'ont pas droit à ce logement». Pour lui, les gens ont le droit de se mettre en colère, «même les agents de l'enquête ont fait part de la situation dans laquelle ils vivent». A ceux qui disent que les bénéficiaires ne résident pas dans la commune, le maire répond que «ceux dont les noms figurent sur la liste y résident depuis plus de neuf ans». Comme solution à la grogne des habitants, le P/APC a proposé de désigner un comité composé de 6 personnes pour aller chez le chef de daïra.