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«Aucun laboratoire privé n'est accrédité en Algérie» Ould Rouis Hachemi, président de l'association nationale des laboratoires d'analyses médicales au Temps d'Algérie :
Le nombre de laboratoires privés a considérablement augmenté ces dernières années, une situation de plus en plus difficile pour les spécialistes qui dénoncent une réglementation favorisant l'anarchie. Le président de l'association nationale des laboratoires d'analyses médicales, le Dr Ould Rouis Hachemi a bien voulu faire le point de la situation et expliquer les modalités du contrôle et de la conformité des résultats délivrés par les laboratoires. Quel est l'état actuel des activités au niveau des laboratoires? Le nombre de laboratoires privés a considérablement augmenté ces dernières années. ll devient de plus en plus difficile de se faire une place mais il y a plus de qualité car les laboratoires qui sont dirigés par des médecins-biologistes ou des pharmaciens-biologistes compétents investissent dans des appareils et des réactifs haut de gamme. Pour poser un diagnostic fiable, nous devons utiliser ce qu'il y a de mieux et ce qui est reconnu par les sociétés savantes internationales en matière de techniques, d'appareillage et de réactifs. Prenez par exemple le suivi d'un diabétique. Il nécessite tous les deux mois le dosage d'un paramètre essentiel : l'hémoglobine glyquée. Cette dernière peut être dosée par plusieurs techniques à des prix de revient très variables, parfois ne nécessitant aucun appareil. Cependant la technique la plus fiable, la plus discriminative est l'HPLC, elle est recommandée par les plus hautes instances internationales de la biologie médicale. Seulement voilà, c'est la plus chère. L'appareil à lui seul coûte au minimum 2,3 millions de dinars et le coût du réactif du test est de 400 dinars minimum (le prix d'un coffret de 400 tests est de 110 000,00 DA). Pour pratiquer une bonne médecine, il y a un prix à payer. La biologie médicale est la spécialité qui évolue le plus rapidement en médecine. Nous sommes très loin de l'époque où la biologie se pratiquait dans l'arrière boutique des pharmacies. Aujourd'hui nous parlons de médecine de laboratoire et le biologiste doit acquérir continuellement des connaissances nouvelles à travers la formation médicale continue. Le diagnostic médical aujourd'hui repose sur les explorations (plateau technique) dans plus de 80% des cas et la biologie y occupe la part du lion. On ne peut faire de bonne médecine sans une bonne biologie et une bonne médecine coûte moins chère à l'Etat qu'une mauvaise car les pérégrinations diagnostiques et les examens mal faits qu'il faut refaire coûtent très chers à l'Etat. Qui assure le contrôle de la validité, la fiabilité et la qualité au niveau des laboratoires? Toutes les procédures de fiabilité existent pour peu qu'on y mette la volonté et le prix : Logiciels informatiques en réseau, identification des tubes par code barre, système bidirectionnel (lorsque la secrétaire saisit la prescription de l'ordonnance, l'appareil d'analyses reçoit l'information à travers le réseau. En introduisant le tube dans l'appareil, ce dernier reconnaîtra immédiatement le malade et saura quelles analyses effectuer. Le résultat suivra le même chemin qui évite les erreurs de transcription. Quant au contrôle de la qualité interne, on utilise des sérums de contrôle permettant d'avoir une idée sur la fiabilité de ce que l'on dose. Le sérum de contrôle contient des substances dont les concentrations sont données par le fabricant. Ce sérum est analysé en même temps et dans les mêmes conditions que le sang des malades. Si l'analyse est bien faite nous devons retrouver pour ce sérum de contrôle des valeurs très proches de la valeur cible donnée par le fabricant. Et pour le contrôle externe ? C'est un véritable examen que passe le laboratoire tous les mois en recevant, suite à un abonnement, des sérums qu'il va analyser puis transmettre les résultats via internet à l'organisme contrôleur. Le laboratoire recevra les résultats, verra de près ses erreurs et insuffisances et pourra se comparer à des milliers de laboratoires à travers le monde grâce au classement (anonyme) effectué par cet organisme. Les laboratoires d'analyses sont-ils accrédités ? L'accréditation est une démarche de qualité extrêmement rigoureuse contrôlée par des auditeurs et des inspecteurs relevant de l'organisme officiel d'accréditation. En Algérie il s'agit de Algerac. Il n'existe pas encore de laboratoire privé accrédité car le concept est tout nouveau mais des candidats à l'accréditation se sont manifestés. Cette opération est extrêmement coûteuse. Quelle relation ont les laboratoires d'analyses avec la Cnas ? Lorsque la commission de nomenclature a été constituée il y a quelques années, aucun biologiste privé n'a été invité à y participer. Je ne remets nullement en question la compétence des honorables membres de cette commission mais sincèrement, qui mieux qu'un biologiste privé peut connaître le prix de revient d'une analyse. Je vous invite à faire un test. Etablissez une liste de différents réactifs, consommables (pipettes, lames, aiguilles...), analyses, et demandez à un échantillon de biologistes du secteur public de vous donner une estimation du prix de chaque élément. Faites la même opération avec un deuxième échantillon de biologistes privés. Faites la comparaison et vous verrez, cela n'a rien à voir. Les tarifs d'analyses ne se décrètent pas, ils se calculent en fonction d'un certain nombre de critères incontournables et quantifiables. Nous sommes à l'ère de la mondialisation et il y a un marché mondial du réactif d'analyses comme il existe un marché mondial du sucre. Les tarifs des analyses dépendent avant tout du prix des réactifs puisque nous les achetons au même prix que les laboratoires des pays dont le niveau de vie est nettement supérieur au nôtre. Nos voisins maghrébins pratiquent des tarifs 3 fois supérieurs aux nôtres. Peut-on parler de biologie moléculaire en Algérie pour les laboratoires privés? Vous savez que la biologie moderne subit un bouleversement, une révolution par l'introduction de la biologie moléculaire dans le diagnostic. Ce sont des techniques d'une très haute sensibilité et fiabilité. La quantification du virus HIV ou celle du virus de l'hépatite C ne peuvent se faire que par cette technique pour ne citer que ces deux applications. Contrairement au reste du monde médicalisé, très rares sont les laboratoires privés en Algérie qui disposent de ces techniques, non pas qu'ils n'ont pas la compétence pour les appliquer mais en raison des prix prohibitifs qu'ils seront obligés de pratiquer. Jugez-en : la recherche en biologie moléculaire du virus de l'hépatite C (ARN viral) revient à 12 000,00 DA pour un malade (coût du réactif uniquement), ajoutez la marge couvrant les frais divers + une petite marge bénéficiaire et demandez au patient de payer par exemple 14 000,00 DA. Vous serez traité de gangster. Pas de biologie moléculaire en Algérie pour les laboratoires privés sauf financement.