Les consultations politiques se poursuivent au Maroc autour d´une réforme en profondeur de la Constitution du royaume. Le Roi Mohamed VI aurait instruit ses conseils qui multiplient les contacts en ce sens avec la classe politique et les syndicats d´informer les partis des grands changements qui seront apportés dans la future loi-cadre du royaume. «Allah, el Watan, el Malik» Ce projet de réforme de la Constitution marocaine qui sera publié vraisemblablement la semaine prochaine trace les grands axes d´une monarchie semi-parlementaire. Une «réforme en profondeur» qui portera notamment sur la réduction de l´immense pouvoir du souverain alaouite et l´abandon du «caractère sacré» de la personnalité du roi. Le Roi Mohamed VI lui-même aurait opté pour une formule plus souple de l´«inviolabilité» de sa personne qui est vénérée jusque-là dans son pays à travers la devise officielle «Dieu, la Nation et le Roi». Un jeune marocain supporter du FC Barcelone a été condamné, il y a quelques mois, à une lourde peine de prison pour avoir scandé cette devise officielle à sa manière : «Allah, el Watan, el Barza». Selon certaines sources proches du dossier à Rabat, le roi continuera d´être le commandeur des croyants, donc de gérer directement l´important ministère des Affaires religieuses et les postes-clés de l´Exécutif. Il restera ainsi le chef suprême des Forces armées, gardera la haute main sur la politique extérieure et présidera le Conseil des ministres. Ces fonctions correspondant quelque peu à celles du président de la République française sous la IVe République. Le Premier ministre qui sortira de la majorité parlementaire qui ne sera pas choisi selon le pouvoir discrétionnaire du roi, comme c´est le cas aujourd´hui, deviendra le chef du gouvernement avec le pouvoir de nommer les membres de son gouvernement et même de présider le Conseil des ministres par délégation du souverain. Le modèle de la IVe république Le Roi Mohamed VI, sans doute sur les conseils des démocraties occidentales dont la France, semble avoir décidé de couper la poire en deux pour ne pas opter totalement pour un système monarchique constitutionnel comme en Espagne où le roi a des fonctions honorifiques. Il espère ainsi désamorcer la crise politique qui se profile avec les protestations populaires conduites par le Mouvement du «20 Février» qui exige l´avènement d'une monarchie constitutionnelle. Certains spécialistes du Maroc laissent entendre que les changements qui seront apportés à la Constitution marocaine mettront la personne du roi hors du champ des protestations populaires qui cibleront désormais davantage le chef du gouvernement et les institutions élues.