Plus de cent personnes empêchent depuis cinq jours l'accès au bureau du président de l'APC de Bab El Oued à Alger pour contester la liste des 100 bénéficiaires de logements sociaux locatifs affichée depuis mercredi dernier sur les murs de la commune. Ces contestataires crient à l'injustice et soulignent que plusieurs bénéficiaires n'ont déposé leur dossier que depuis peu de temps par rapport aux autres dont les dossiers ont été déposés dans les années 1990. «Dès que nous avons vu la liste, nous avons essayé de contacter le wali délégué, sans résultat. Il a refusé de nous recevoir», nous a indiqué un manifestant, soulignant qu'ils ont été même «frappés par la police». «Nous avons déposé nos dossiers parmi les premiers et aujourd'hui nous voyons les noms de ceux qui ont déposé leur dossier bien après nous sur la liste des bénéficiaires», a expliqué un père de famille remonté. Mme Ammouche et Mme Ilmatente, qui ont déposé leur dossier en 1990 et 1995, sont venues aujourd'hui rencontrer le P/APC de Bab El Oued. Ce dernier étant absent, elles ont été reçues par son remplaçant chargé de recevoir les plaignants. «Nous sommes quatre personnes à partager la même chambre. Mon frère célibataire, à 40 ans, a fait une dépression à cause du logement. Nous n'avons eu que des promesses», nous a indiqué Mme Ilmatente, ajoutant, les larmes aux yeux, qu'une voisine qui a déposé son dossier ces dernières années a bénéficié d'un logement et son nom figure sur la liste. «Hadi hogra» (c'est de l'injustice)», nous a-t-elle lancé. Le cas de Mme Ammouche n'est pas plus reluisant. Elle habite chez son père avec ses deux enfants, et son mari vit dans la rue où il est confronté à tous les dangers. «Cela fait plus de 15 ans que j'habite avec mes enfants chez mes parents dans un F2. Mon mari passe la nuit dans la rue sur un carton. Maintenant sont état de santé est très grave. Il crache du sang. Cette situation est intenable. J'ai peur que les enfants fuguent», explique-t-elle. La majorité des bénéficiaires de logements sociolocatifs sont des célibataires ou des divorcés vivant seuls, a fait savoir une mère de famille. «La liste compte notamment des célibataires et des divorcés, nous les connaissons très bien. Il faut connaître quelqu'un ou donner de l'argent pour accéder à un logement. Moi-même j'ai assisté à une scène de corruption», a-t-elle avoué. Le SG de l'APC de Bab El Oued a tenu à nous expliquer que «l'APC est chargée de recevoir les dossiers qui sont examinés au niveau de la circonscription administrative. C'est là-bas qu'il faut réclamer». «La distribution des logements se fait par rapport à la priorité. C'est la daïra qui s'occupe des dossiers après des enquêtes», a-t-il ajouté, précisant que l'APC a reçu plus de 400 recours. Cela fait cinq jours que ces contestataires qui ont formulé des recours attendent la réponse du wali délégué. Ils viennent quotidiennement occuper l'accès du bureau du P/APC.