Plusieurs acteurs de la société civile ont été reçus hier matin par l'instance de consultation politique présidée par Abdelkader Bensalah et ses deux collaborateurs, Mohamed Ali Boughazi et Mohamed Touati. Les présidents des associations ont exposé leurs visions et leurs idées sur l'avenir et les perspectives de la société civile. Ils se sont prononcés également sur des questions de la politique du pays. Mustapha Khiati, président du la fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche (Forem) a estimé que les problèmes sociaux des algériens n'ont pas été réglés en raison du «manque de coordination et de la non-implication de la société civile dans le travail entrepris par les pouvoirs publics». Dans une déclaration faite à l'issue de son entretien avec l'instance des consultations pour les réformes politiques, M. Khiati affirme qu'il a exposé des dossiers traitant de la situation de l'enfant en Algérie, du système éducatif et de la santé. «Il y a un manque flagrant dans le secteur de l'éducation qu'il faut absolument réformer entièrement. Le même constat est valable pour la santé où il y a absence de vision et de stratégie qui font que le secteur connaît une dégradation», a-t-il souligné. Abdelhafid Lahoual, président de l'organisation nationale «Tawassoul el Adjial» a demandé à la commission de Bensalah d'impliquer la société civile dans la refonte du code sur l'information. Il a estimé que la révision de cette loi doit permettre aux jeunes journalistes de créer des entreprises de presse, autoriser l'ouverture du champ audio-visuel et renforcer la presse publique. Le porte-parole de «Tawassoul el Adjial» estime que l'ouverture des chaînes privées doit se faire par les professionnels spécialisés du secteur. «C'est un secteur dans lequel il faut autoriser les professionnels uniquement pour barrer la route aux gens qui veulent faire du business et aux étrangers», a-t-il souligné. A propos du code de la wilaya, M. Lahoual a plaidé en faveur du renforcement des prérogatives des élus. «Il faut élever le nombre des élus de wilaya en fonction du nombre des communes, donner à ce conseil la prérogative de contrôle de l'exécutif au niveau local et exiger la présence de l'APW dans l'élaboration des projets sectoriels», a-t-il indiqué. L'Etat doit, selon le même intervenant, abandonner l'opération du couffin de Ramadan et l'attribuer à la société civile. Il plaide pour le régime semi-présidentiel et la révision de la composante du conseil constitutionnel en intégrant des personnalités nationales avec l'intégration du droit de recours au citoyen. Abdelkrim Abidat, président de la confédération nationale consultative et de coordination de la société civile a annoncé la création, dans quelques jours, du premier parlement national du mouvement associatif qui «sera un cadre de concertation sur toutes les préoccupations de la société». Ce parlement sera géré par un secrétariat permanent et sa présidence, durant une session, sera attribuée à trois associations. M. Abidat a demandé de réglementer le mouvement des ONG internationales qui «activent sur le terrain en toute liberté et sans aucune autorisation des pouvoirs publics pendant que les associations nationales sont bloquées par les procédures administratives qui les empêchent d'être présentes en permanence sur le terrain». Il estime que l'Etat doit organiser le financement des associations qui doit se faire en fonction des plans d'action et des projets à concrétiser. Il a plaidé pour la création d'une maison des associations dans chaque wilaya, pour éviter que les associations soient manipulées par les partis politiques. M. Abidat a donné le chiffre de 58 000 associations locales et 1500 associations nationales, ce qui «nécessite la création d'un secrétariat d'Etat visant la protection de la société civile». Ahmed Chena, président de l'académie de la société civile a plaidé de son côté pour l'instauration du régime semi-présidentiel afin de garantir la stabilité du pays. Pour lui, la révision du code électoral doit intégrer des textes attribuant le rôle de surveillance du scrutin à la société civile. M. Chenna a appelé à l'implication des jeunes dans la prise de décision et au rajeunissement des cadres de l'Etat. Il a appelé à la création du conseil supérieur des organisations de la société civile pour protéger les associations d'une éventuelle récupération par des partis politiques et des étrangers.