L'ex-président tunisien, Zine El Abidine Ben Ali, et son épouse, Leila Trabelsi, ont été condamnés par contumace à 35 ans de prison chacun pour détournement de fonds publics et possession illégale de devises étrangères et d'une quantité de bijoux trouvés dans son palais de Sidi Bou Saïd. Le tribunal de première instance de Tunis a également infligé une amende de 50 millions de dinars (25 millions d'euros) pour l'ex-homme fort tunisien et de 41 millions de dinars (20,5 millions d'euros) pour son épouse. Le juge a, par ailleurs, annoncé le report au 30 juin du procès sur une autre affaire concernant seulement l'ex-chef d'Etat. Ce volet porte sur des accusations de possession illégale de drogues, d'armes et d'objets archéologiques. Les avocats de Ben Ali commis d'office à Tunis avaient réclamé le report du procès pour mieux préparer leur défense. Ils n'ont donc obtenu gain de cause que sur un seul des deux volets. Un de ses conseils, Me Abdesattar Massoudi, avait cependant reconnu que le dossier contre l'ex-président et son épouse était substantiel dans l'affaire du palais de Sidi Bou Saïd, où ont été découvertes des quantités faramineuses d'argent et de bijoux de valeur que la télévision tunisienne n'a pas hésité à montrer après la chute du régime. S'il était physiquement absent au procès, l'ex-chef d'Etat qui a dirigé son pays d'une main de fer pendant 23 ans, avait multiplié les déclarations via ses avocats installés au Liban. Le verdict de la justice tunisienne est une «plaisanterie», a estimé lundi l'un d'eux depuis Beyrouth. Dans un message rendu public, Ben Ali affirme n'avoir jamais donné «l'ordre de tirer à balles réelles sur les manifestants». Quelque 300 personnes ont été tuées dans la répression du soulèvement populaire qui a suivi l'immolation à Sidi Bouzid d'un jeune marchand ambulant le 17 décembre et a conduit au départ de M. Ben Ali, près d'un mois plus tard.