Est-ce un coup de bluff, la dernière opération de nettoyage de la ville de Tizi Ouzou de toutes sortes de marchés informels ? Où s'agit-il d'un relâchement de la part des responsables en charge de cette mission ? Des citoyens dans la wilaya de Tizi Ouzou, notamment ceux de la ville des Genêts, se posent désormais des questions sur la volonté des pouvoirs publics à aller jusqu'au bout de leur mission, et ce pour la simple raison que l'anarchie du commerce est de retour, du moins au niveau de certains boulevards. Cela fait déjà près d'une semaine que des marchands à la sauvette ne se gênent pas pour étaler leurs marchandises de toutes sortes, chaque matin, au niveau du boulevard longeant la cité 20 Août. En venant de la gare routière vers le centre-ville, aucun signe des services de sécurité, ou ceux de lutte contre le commerce informel n'est visible. Tout le long du trottoir en face du siège de la Cnac, l'image d'avant l'opération d'assainissement de la ville est de retour. Vêtements, fruits et légumes, téléphones portables et objets d'occasion… tout se vend en toute liberté et quiétude. Le trottoir est bourré et encombré de marchandises, les piétons partageant la chaussée avec les voitures, les stationnements sont anarchiques. En tout cas rien n'indique que la ville de Tizi Ouzou a changé, ou pourrait changer ! Même scénario à la gare routière, les vendeurs de téléphones portables d'occasion n'ont jamais quitté les lieux. Le trottoir leur sert toujours de lieu de commerce. Le centre-ville, point de cette image. Les agents de sécurité présents en force veillent au respect de la réglementation et s'opposent à tout intrus. Mais ce n'est malheureusement pas le cas des autres quartiers de la ville où les commerçants font encore la loi. Pourtant, les services de la wilaya et ceux de la sûreté urbaine avaient annoncé dans des communiqués, en mai dernier, à l'issue de l'opération de «nettoyage» et «assainissement», que l'opération «s'étalera dans le temps et prendra des mois pour rendre à la ville des Genêts son lustre et rayonnement d'antan». Cependant, aujourd'hui, force est de penser à un relâchement de la part de ces responsables, ou bien à une «opération limitée dans le temps» ! Sinon, «comment explique-t-on que le centre-ville soit si propre et surveillé, contrairement à notre quartier ?», s'insurge un citoyen rencontré au quartier 20 Août. «Tizi Ouzou n'est pas seulement le centre-ville» a-t-il souligné. Si durant le mois de mai dernier, plus de 26 baraques de fortune ont été détruites par les services de sécurité, les marchands ambulants, traînant leurs marchandises dans des cabas et autres sacs ne trouvent aucun inconvénient pour retrouver leur «boulot». Squatté durant des années à Tizi Ouzou, une région longuement livrée à l'anarchie, l'espace public doit être réapproprié par ces vrais usagers, à savoir les citoyens. Le relâchement ne se limite pas dans les boulevards et quartiers reculés, car des citoyens dénoncent aussi le phénomène des commerçants propriétaires de magasins, qui se permettent le luxe de «s'approprier» une partie du trottoir pour servir d'allongement à leurs commerces. En effet, la lutte contre le commerce informel et l'objectif que se sont assignés les responsables de la wilaya et ceux de la sûreté urbaine, à leur tête le wali de Tizi Ouzou, qui entendent réhabiliter «La petite Suisse» est saluée par tous les habitants de la capitale du Djurdjura. Ces derniers espèrent des interventions similaires dans les grands centres urbains des chefs-lieux de daïras et des communes.