Depuis l'avènement du terrorisme, les unités de l'Armée nationale populaire (ANP) sont engagées dans la lutte au même titre que les autres corps de sécurité. En vertu d'un décret présidentiel daté du 23 février 2011 relatif à cet engagement de l'armée, il a été décidé d'unifier les centres de décision. Les militaires deviennent désormais les chefs de file dans la lutte. «Le chef d'état-major de l'ANP est chargé du commandement, de la conduite et de la coordination des opérations de lutte contre le terrorisme et la subversion sur toute l'étendue du territoire national», stipule le décret présidentiel. Cette donne a nécessité la redéfinition de la participation à cette mission des autres corps de sécurité. Les nouveaux rôles ont été ainsi définis dans un arrêté signé conjointement par les ministres de la Défense nationale et de l'Intérieur, publié cette semaine au Journal officiel. «Le chef d'état-major de l'ANP en charge du commandement, de la conduite et de la coordination des opérations de lutte contre le terrorisme et la subversion, dispose du pouvoir de contrôle opérationnel visant à favoriser les conditions de coordination, de mise en œuvre et d'emploi des forces et moyens concourant à la lutte contre le terrorisme et la subversion», précise l'arrêté interministériel en son article 2. Le chef d'état-major délègue tout ou partie de ses pouvoirs au commandant de Région militaire (RM). Ce dernier peut subdéléguer tout ou partie de ses pouvoirs à un commandement intermédiaire, comprenant deux ou plusieurs secteurs opérationnels, ou au commandement du secteur opérationnel. «Outre les unités et formations de l'Armée Nationale Populaire, les services de sécurité relevant de l'autorité des ministres de la Défense nationale et de l'Intérieur et des collectivités locales participent, sous le commandement de l'autorité militaire, aux actions combinées de lutte contre le terrorisme et la subversion», explique-t-on. Mais «le choix des moyens, les modalités d'exécution et la conduite des opérations d'intervention sont du ressort exclusif de l'autorité militaire». S'agissant des modalités de mise en œuvre, «le secteur opérationnel dispose d'un état-major mixte présidé par le commandant du secteur opérationnel, comprenant le commandant territorial de la gendarmerie nationale, le chef de sûreté de wilaya, le représentant du Département du Renseignement et de la Sécurité et le délégué à la sécurité de la wilaya». L'état-major mixte est chargé de suivre et d'évaluer la situation qui prévaut sur toute l'étendue de la circonscription territoriale de compétence et dans les secteurs limitrophes, d'exploiter les renseignements recueillis, de planifier les actions multiformes à exécuter et de coordonner les actions à mettre en œuvre. Suivant l'arrêté, chaque intervenant a une tâche précise à accomplir. Ainsi, les unités de l'ANP «mènent les opérations offensives de mise hors d'état de nuire des terroristes». Leur intervention en zone urbaine ne se fera toutefois «qu'en cas de nécessité et en renforcement des services de sécurité». Les unités territoriales de la gendarmerie nationale et de la police sont chargées de recueillir et d'exploiter les renseignements permettant la localisation et la mise hors d'état de nuire des terroristes et leurs réseaux de soutien. Tout en assurant les missions de sécurité publique, ces deux corps de sécurité «accordent une priorité aux activités liées à la lutte contre le terrorisme et la subversion». De plus, les unités de la Police des frontières (PAF) sont chargées d'assurer un contrôle rigoureux des personnes franchissant les points de passage frontaliers terrestres, maritimes et aériens dans le but d'intercepter et d'appréhender tout individu recherché ou suspecté pour activité terroriste. «Elles participent à la collecte du renseignement inhérent à la lutte contre le terrorisme et la subversion», ajoute-t-on. Pour plus d'efficacité, les services de sécurité engagés dans la lutte informent le commandant de RM ou le commandement intermédiaire de toutes les actions à engager induites par les résultats des opérations de recherche et du recueil du renseignement pour le démantèlement des réseaux de soutien. Ils doivent aussi procéder entre eux à l'échange des renseignements opérationnels qui «doivent être communiqués à l'ensemble des intervenants concernés pour leur exploitation en temps réel».