La rapporteuse spéciale des Nations unies sur le logement convenable, Raquel Rolnik, visitera l'Algérie à partir d'aujourd'hui jusqu'au 19 juillet 2011 afin d'étudier l'impact des politiques et programmes de logement sur les droits de l'homme. Sur ce plan, le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme (CNCPPDH), Me Farouk Ksentini, a estimé que l'Algérie a accompli des efforts considérables en matière de construction de logements décents, ajoutant qu'il reste à revoir le système de distribution des logements publics. Il s'agit de la première mission en Algérie d'un expert des Nations unies sur le droit au logement convenable. Raquel Rolnik, rapporteuse spéciale des Nations unies sur le logement convenable en tant qu'élément du droit à un niveau de vie suffisant, effectuera une visite de travail dans les villes de Boumerdès, Oran et Ghardaïa, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères. La visite intervient dans le cadre de l'invitation adressée par le gouvernement algérien lors de la 13e session du Conseil des droits de l'homme, tenue en mars 2010, à sept détenteurs de mandats thématiques relevant du Conseil des droits de l'homme. Selon le ministère des AE, Raquel Rolnik, de nationalité brésilienne, qui assume cette fonction depuis 2008, aura à s'entretenir avec les différentes institutions gouvernementales en charge de la thématique de l'habitat et du logement, ainsi que les membres de la société civile activant dans ce domaine. La visite témoigne, selon la même source, de «l'engagement de l'Algérie en faveur de la promotion et de la protection des droits de l'homme, en particulier le droit à l'accès à un logement convenable». Le mandat de rapporteur spécial sur le logement convenable en tant qu'élément du droit à un niveau de vie suffisant a été institué par la résolution 2000/9 de la commission des droits de l'homme. En décembre 2007, le conseil des droits de l'homme ayant remplacé la commission des droits de l'homme a adopté la résolution 6/27 par laquelle il révise et prolonge le mandat du rapporteur spécial. A l'invitation des gouvernements, les rapporteurs spéciaux effectuent des visites régulières dans différents pays en vue de s'enquérir de la situation des droits de l'homme. Ces visites sont sanctionnées par un rapport assorti d'un nombre de recommandations, et qui sera présenté devant une session ordinaire du conseil des droits de l'homme. «J'étudierai avec beaucoup d'intérêt les politiques de logement et les différents programmes mis en place par le gouvernement à la fois en milieu urbain et rural», a indiqué Mme Rolnik à la presse étrangère avant son arrivée hier à Alger. «Pendant ma visite j'accorderai une attention particulière à la situation de certains groupes spécifiques, et en particulier celle des femmes, des personnes déplacées internes et des migrants. Je vais aussi me pencher sur la question de la reconstruction après les catastrophes naturelles», a-t-elle également expliqué. Notons que la visite de Mme Rolnik interviendra au moment où des manifestations demandant un meilleur accès au logement public ont lieu dans plusieurs régions du pays. Une politique de distribution à revoir S'exprimant au sujet de cette visite, le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme (CNCPPDH), Me Farouk Ksentini, a estimé que «c'est une action positive pour l'Algérie, parce que des efforts importants ont été accomplis sur le plan de la construction du logement décent depuis quelques années». «Nous avions accusé un retard énorme depuis près de 40 ans. L'Algérie construit à une grande vitesse, et ce, avec un coût très cher. Le rapport de l'ONU sera certainement positif vis-à-vis de l'Algérie, même s'il reste encore beaucoup de choses à faire en la matière», a-t-il ajouté. Maître Farouk Ksentini nous fait savoir qu'il recevra l'hôte de l'Algérie jeudi prochain. «Aucun des pays arabes ne peut construire autant de logements en peu de temps. C'est impossible. Et sur instruction du président de la République, l'Algérie a construit des logements décents et à des prix battant toute concurrence», a relevé Me Ksentini. Cependant, l'une des grandes lacunes en matière de logements en Algérie reste, selon lui, la politique de distribution. «Il ne s'agit pas de construire des logements, mais aussi de bien les distribuer à qui de droit et équitablement. Sur ce plan, je pense qu'il faudrait envisager une nouvelle politique de distribution confiée à une commission nationale représentée à l'échelle locale. Il faut changer la méthode de distribution parce que nous assistons quotidiennement à des contestations extrêmement violentes. C'est contreproductif pour le pays. Les autorités doivent changer la méthode de distribution», suggère-t-il.