Le ministre des Ressources en eau, Abdelmalek Sellal, a indiqué mardi à Blida que les réserves nationales en eau ont atteint un taux de 73,26 %, «soit de quoi garantir un approvisionnement régulier en eau pour deux années». Le ministre a estimé que l'actuel taux de réserve «met le pays à l'abri d'un quelconque problème d'approvisionnent en eau pendant deux années». Les déclarations du ministre sont loin de rassurer les citoyens algériens. A l'exception de certaines villes du pays qui ont accès à l'eau potable quotidiennement, d'autres régions n'ont pas la même chance. Le liquide précieux manque cruellement, surtout durant les périodes d'été. Des wilayas du nord du pays, à l'instar de Béjaïa, de Tizi Ouzou, de Jijel et de Skikda ne sont pas suffisamment alimentées. Des citoyens évoquent une pénurie qui a duré dans certaines régions plus de trois mois, à l'exemple de la commune de Seddouk, à Béjaïa, qui n'ont pas vu d'eau dans leurs robinets depuis le mois de mai dernier. Erigée en daïra, cette commune connaît une crise d'eau très aiguë, surtout pour des habitants d'immeubles de plusieurs étages. Les autorités locales n'ont jamais jugé utile d'étancher la soif de ces humbles citoyens. Les pannes récurrentes du réseau électrique accentuent le malaise et poussent les Algériens à la révolte pour exprimer leur ras-le-bol. Certains n'hésitent pas à accuser les autorités locales, notamment les élus, de «mépris» et d'«irresponsabilité». «Je n'arrive pas à admettre qu'aucun responsable n'ait pensé aux familles n'ayant pas d'eau potable depuis le mois de mai. C'est incroyable !» a confié, avec amertume, un père de famille. «Nos responsables se soucient uniquement des populations des grandes villes. Ils craignent des émeutes violentes et des manifestations, alors que les petites villes et villages sont complètement oubliés», souligne-t-on encore. Des régions entières ne sont pas alimentées en eau potable pendant de longue périodes, poussant certains à consommer de l'eau non potable quelquefois provenant de sources naturelles. L'évaluation faite par le ministère des Ressources en eau sur son secteur ne prend pas en compte les besoins de tout le pays, mais de quelques régions seulement, plus particulièrement Alger, Oran, Constantine, Annaba et Tamanrasset… Dans certaines régions, des familles n'ont pas les moyens d'effectuer les travaux de branchement de la conduite principale, surtout lorsqu'elle est distante de quelques kilomètres.