Cet été aura été celui des fêtes et des festivals. Après les deux fêtes, organisées dans les localités d'Iboudrarène et Larbaâ Nath Irathen, celle de la cerise ainsi que le festival arabo-africain de danse folklorique qui s'est achevé lundi dernier et qui a fait vibrer de nombreuses localités de la wilaya au rythme de différentes danses présentées et exécutées par des troupes venues de l'Afrique profonde, c'est au tour de deux autres manifestations d'animer ces longues et chaudes journées estivales. Ainsi, deux localités de la Kabylie, Béni Yenni connue pour être le terroir de cet art artisanal ancestral qui est la fabrication du bijou en argent et Maâtkas berceau de la poterie, abritent respectivement, et ce depuis jeudi dernier, deux importantes manifestations culturelles et commerciales à savoir, la séculaire fête du bijou et le festival local de la poterie. La localité de Béni Yenni abrite donc depuis jeudi la fête locale du bijou. Le coup d'envoi de cette manifestation, très attendue par les artisans eux-mêmes et le public, a été donné en présence du directeur du tourisme et de l'artisanat de la wilaya de Tizi Ouzou. Placée sous le signe de la sauvegarde de cet art qui se perd, cette fête se veut aussi un cri pathétique à l'endroit des responsables du secteur de l'artisanat afin qu'ils actionnent tous les leviers possibles pour venir en aide aux artisans bijoutiers et sauver cet art d'une disparition qui le guette sans cesse. En effet, outre la cherté de la matière première, l'argent coûte 14 000 DA le kg. l'autre élément essentiel à la fabrication des bijoux, à savoir le corail, il se fait de plus en plus rare d'autant que la levée effective de l'interdiction de la pêche du corail n'a pas été suivie d'effet. Ces facteurs conjugués à d'autres, comme les difficultés que rencontrent les artisans à obtenir des aides et autres crédits bancaires, font que ces artisans sont de plus en plus nombreux à se tourner vers d'autres activités et que les nouvelles générations ne s'intéressent presque plus à ce créneau. Le résultat est là : cet art se perd chaque jour un peu plus, et avec lui son existence en tant que manifestation culturelle, économique, sociale et conversationnelle. Ainsi et au-delà de toutes les contraintes, la fête bat son plein et son organisation est un acte de résistance des artisans et de ses organisateurs. Le CEM Larbi Meziani est devenu depuis jeudi un véritable lieu de convergence pour des centaines de visiteurs en quête de découvertes notamment des autres objets exposés par des participants venus de plusieurs wilayas, comme Tamnarasset, Timimoun, Adrar, Ghardaïa et Bouira. Malgré les manques, les bracelets, les bagues, les anneaux, les colliers, les fibules, les boucles d'oreilles ciselées par des mains de maître restent très prisés. Les siècles n'ont pas réussi à leur donner ne serait-ce qu'une ride. Leur esthétique reste toujours inégalée. A Maâtaks, la poterie est à l'honneur De l'autre côté de la wilaya, à quelque vingt kilomètres au sud-ouest de la capitale du Djurdjura, la localité de Maâtkas abrite depuis jeudi dernier aussi, la deuxième édition du festival local de la poterie. Depuis deux jours, Maâtkas est devenue, pour ainsi dire, un marché de la poterie à ciel ouvert. Organisé sous le haut patronage de Mme la ministre de la culture, le festival a pour mission, outre la promotion des différents produits auprès du public, de transmettre et partager les compétences, défendre le professionnalisme des potiers ainsi que la qualité et la diversité des œuvres exposées. En matière de transmission, les vieilles mains agiles et expertes des femmes de Maâtkas donneront des démonstrations de cuisson de l'argile de la manière la plus primitive avec en sus un atelier destiné exclusivement aux enfants. Pour les autres activités, et outre le marché du festival qui demeure la principale activité, le public aura droit à des conférences qui portent sur un thème principal lié aux techniques de décoration. Des spécialistes en la matière, comme le professeur Mohamed Dahmani de l'université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou et dont la maison est transformée presque en musée, ou encore Mme Amamra, directrice du musée national des arts traditionnels parleront de la poterie sous tous ses aspects, ses manifestations, sa transmission, ses signes et leur symbolique etc.