C'est aujourd'hui que le procès de l'assassinat de Matoub Lounès s'ouvre près le tribunal criminel de la ville de Tizi Ouzou. Ce procès a été longtemps attendu par les deux présumés auteurs du crime, à savoir Malik Madjenoun et Abdelhakim Chenoui, qui entrevoient le bout du tunnel puisqu'ils peuvent être enfin jugés après plus de 12 années passées à la maison d'arrêt de Tizi Ouzou en détention provisoire. Une détention que les avocats des deux accusés ont dénoncée haut et fort pour sa durée. En revanche, pour la famille Matoub, plus particulièrement sa sœur Malika et sa mère Aldjia, elles sont loin d'être satisfaites du procès. Elles ont demandé un complément d'enquête où elles exigent la reconstitution des faits et une étude balistique en plus de l'audition de 51 personnes, des acteurs politiques locaux à l'époque de l'assassinat de Matoub. De ce fait, la fondation Matoub qui porte justement son nom, a rendu public avant-hier un communiqué dans lequel elle qualifie ce procès de «simulacre». Nadia Matoub, veuve du rebelle, ainsi que ses deux sœurs, qui étaient avec Lounès lors de l'attentat, sont aussi convoquées par le juge. A rappeler que Matoub Lounès a été victime d'un attentat terroriste qui lui a coûté la vie le 25 juin 1998 à Thala Bounane, sur un chemin qui relie la ville de Tizi Ouzou à la localité de Béni Douala. Matoub, qui a entamé sa carrière artistique en 1978 en tant que chanteur engagé, a connu plusieurs aléas durant sa vie. Il luttait pour la promotion et la reconnaissance de l'identité berbère et la défense des droits de l'homme. Il a été criblé de balles par un gendarme à Aïn El Hammam lors des évènements d'octobre 1988. En 1994, il a été kidnappé par le GIA puis libéré après 15 jours de captivité. Son kidnapping a provoqué le soulèvement de toute la population de la Kabylie pour exiger sa libération sain et sauf sans conditions. «Je lutte sur deux fronts, d'un côté contre les islamistes intégristes et de l'autre contre le pouvoir dictatorial en place», ne cessait de dire Matoub Lounès de son vivant.