Après 12 longues années d'attente, le procès des deux présumés assassins du chantre de l'amazighité Lounès Matoub, Malik Medjenoun et Abdelhakim Chenoui, se tiendra enfin lundi prochain 18 juillet, au tribunal criminel près la cour de Tizi Ouzou. Les deux présumés auteurs répondront aux chefs d'inculpation retenus contre eux par la justice, à savoir «adhésion à un groupe armé visant la diffusion de la terreur et de l'insécurité au sein de la population» et «complicité dans un homicide volontaire avec préméditation et embuscade», dont a été victime le chanteur engagé Matoub Lounès, le 25 juin 1998, sur une route qui mène vers Béni Doula, région natale de la victime. Les deux accusés dans cette affaire ont été placés depuis 1999 en détention provisoire à la maison d'arrêt de la ville de Tizi Ouzou. Depuis leur arrestation, ils ne cessaient de crier, haut et fort, leur innocence. Malik Medjenoun, du village Tadart Oufla, pas loin du village natal de Matoub Lounès, Taourirt Moussa, commune de Béni Douala, a observé pas moins de sept longues grèves de la faim rien que pour exiger son jugement. La dernière en date est celle du mois de mars dernier. L'accusé, selon son père, n'a jamais été impliqué dans une affaire terroriste par le passé. «Son seul péché est d'accomplir la prière», a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse le mois dernier» ; je veux que mon fils soit jugé», a-t-il ajouté. L'avocat de Medjnoun, Me Aït Habib, a déclaré à la presse que la détention provisoire des mis en cause dans cette affaire est une première dans les annales judicaires nationale et internationale. «Si Medjenoun est coupable, pourquoi attendre plus de 12 années de détention préventive pour le juger ?» s'interroge-t-il. Pour lui, cette longue détention préventive est une preuve supplémentaire que l'accusé est innocent, car son dossier est complètement vide». Le procès a été, pour rappel, reporté en deux reprises par la justice, d'abord en juillet 2000 puis le 16 juin 2008, à la demande de la famille Matoub qui exigeait un complément d'enquête, appuyée d'une liste de 51 personnes à auditionner comme témoins. Le complément d'enquête a été effectivement achevé le mois de juin dernier par la justice, sans toutefois la convocation de 51 personnes pour le procès de ce lundi, nous précise une source judicaire proche du dossier. Cependant, il est utile de signaler que 8 autres terroristes cités par la justice dans l'assassinat de Matoub Lounès ont été tous éliminés par les services de sécurité en 2000 et 2007 dans le cadre de la lutte antiterroriste. A signaler en outre que Nadia Matoub, veuve du rebelle, ainsi que ses deux sœurs, toutes établies en France, ont été aussi convoquées par la justice pour le procès de ce lundi, en plus de Malika Matoub et Aldjia Matoub, respectivement sœur et mère de Lounès.