Erigé en 1955, sur la placette, le musée de Tipaza est d'une grande richesse historique. Il présente une collection de vestiges relatifs à la vie civile et religieuse, ainsi que du mobilier funéraire, mis au jour sur les deux principaux sites de la ville : au niveau de la nécropole de l'est et au niveau de celle de l'ouest, autour de Santa Salsa. Après avoir traversé le patio, on arrive dans la salle d'exposition où sont présentées les deux grandes mosaïques. Elles sont impressionnantes. Ornant un mur, la «Mosaïque des Captifs», du IIIe siècle apr. J. C., découverte dans la basilique judiciaire, est frappante de réalisme. Elle représente les prisonniers berbères sous l'occupation romaine et les autochtones opposés à la romanisation des conquérants. Le musée expose également une belle collection de verre antique, des sarcophages de marbre, des tables funéraires, des fragments de stèles puniques destinées au culte de Tanit, des statues romaines, des pièces de monnaie, des céramiques. En fait, le musée en lui -même n'est qu'une portion de l'immense musée à ciel ouvert, qu'est toute la ville de Tipaza qui est à l'origine une fondation punique en Afrique du Nord. Comme toutes les villes du bassin méditerranéen, Tipaza est devenue romaine - dans la province romaine de Maurétanie césarienne, puis chrétienne. De nombreux vestiges puniques, romains, chrétiens et africains attestent de la richesse de l'histoire de cette colonie. Localisation de Tipaza dans l'Afrique romaine Les Phéniciens y ont fondé un comptoir vers le Ve siècle av. J.-C. : c'est de cette origine que la ville tire son nom qui signifie «lieu de passage» ou «escale». Mais le plus plausible, Tipaza est la déformation du mot berbère «Tafsa» qui signifie le grès ou la pierre calcaire, toujours en usage dans beaucoup de régions du Maghreb. La ville connaît son essor sous le roi numide Juba II et devient avec Caesaria (actuelle Cherchell) l'un des foyers de la culture gréco-romaine en Afrique du Nord. Tipaza avait alors le type de la ville punique car elle se situait dans l'aire d'influence de Carthage. Sous l'empereur romain Claude Ier, en 39, Tipaza prend le statut de municipe latin et se dote d'une muraille longue de plus de deux kilomètres. Hadrien éleva par la suite Tipaza au rang de colonie honoraire. À la fin du IIe siècle, la ville connaît son apogée avec une population qui s'élève, selon les estimations de Stéphane Gsell, à 20 000 habitants. Au deuxième siècle, cette cité romanisée s'agrandit vers l'ouest aux dépens d'une ancienne nécropole punique. Bien qu'elle fut entourée d'une longue muraille de 2 km, cela n'a pas empêché sa destruction en l'an 430 par les Vandales menés par Genséric. Tipaza a, en tant que port, une importance moindre que Caesarea. Son trafic maritime étant réduit au cabotage. Le site archéologique de Tipaza contient divers vestiges, dont les restes d'une basilique. Son théâtre avait une taille honorable. A l'inverse de Timgad et Djemila dont les ruines apparaissent compactes et facilement lisibles, Tipaza offre à décrire un site éclaté. Ceci est dû au fait que tout n'a pas été dégagé et qu'une bonne partie de la ville est encore sous les sédiments. En l'état actuel, les ruines se présentent en deux grands ensembles. Le premier, situé en dehors des murs, à l'entrée de la ville actuelle, à droite de la route qui vient d'Alger, correspond à une grande nécropole avec la basilique funéraire de Sainte Salsa. Le second, c'est le parc archéologique, situé à la sortie ouest de la ville moderne, qui regroupe la majorité des monuments mis au jour. Entre les deux, près du port, le musée.