C'est l'action la plus attendue depuis près de 15 jours par les transporteurs de voyageurs par bus de la wilaya de Tizi Ouzou. Aujourd'hui, pas moins de 9 wilayas du centre du pays vont débrayer en soutien à leurs homologues de Tizi Ouzou. A l'appel de l'Union nationale des transporteurs (Unat), les opérateurs de cette corporation, relevant des wilayas de Béjaïa, Bordj Bou-Arréridj, Bouira, Aïn Defla, Blida, Boumerdès, Chlef, Tipasa et Alger, en plus de Tizi Ouzou, observent, aujourd'hui, une journée de protestation «sans travail». Cette dernière touchera, selon un représentant du collectif des transporteurs de Tizi Ouzou, «les transporteurs assurant les dessertes inters-wilayas, mais il est attendu que d'autres collègues exerçant à l'intérieur même des wilayas suivent le mot d'ordre». Notre interlocuteur ajoutera qu'il n'est pas exclu que d'autres wilayas se joignent au mouvement. «Selon des échos qui nous sont parvenus de l'Ouest, il est possible que Sidi Bel-Abbès et Oran se solidarisent avec nous», indique le même représentant. L'Unat a appelé, vendredi dernier dans un communiqué, les transporteurs à «se solidariser avec leurs homologues de la wilaya de Tizi Ouzou dans leur noble combat en participant à une journée de protestation programmée pour le mardi 26 juillet 2011». L'action de débrayage, reconduite, faut-il le signaler, après celle du 19 juillet dernier gelée par ses initiateurs, dans l'espoir que le dialogue entamé avec les hautes autorités de la wilaya de Tizi Ouzou soit porteur d'une solution qui arrangerait les deux parties. Hélas, aucune avancée n'a été enregistrée, malgré la série de réunions marathoniennes tenues au siège de la wilaya. Décidée dans le cadre du plan appelé «Décongestion de la ville de Tizi Ouzou», la délocalisation des transporteurs de voyageurs par bus, exerçant auparavant au niveau de la gare routière de la ville, a soulevé depuis la fermeture de cette dernière, le 24 juin, l'ire des concernés. Ils refusent catégoriquement le déplacement vers la gare dite «multimodale» de Kef Naadja. Selon eux, cette dernière est conçue pour servir le transport ferroviaire, rien d'autre, et ne répond pas aux normes d'exercice de leur mission. Cependant, il est clair que c'est la concurrence du train qui fait «peur» aux protestataires ! Le projet du train à Tizi Ouzou, appelé à se développer dans les prochaines années, constitue un «obstacle» de taille pour l'exercice du transport routier. Enfin, les transporteurs chez Amar Tou Durant toute la période qu'a duré le conflit entre la direction des transports et les opérateurs privés, le ministère de tutelle ne s'est jamais exprimé sur le bras de fer. Etant sous pression, après la grève qui a touché la compagnie de navigation aérienne Air Algérie, le département d'Amar Tou a laissé le soin à son directeur de wilaya, Rezig Kamel, de régler la question. Enfin, sentant l'ampleur du mouvement, avec l'entrée en lice des wilayas du Centre, le ministre des Transports a donné, semble-t-il, ordre de saisir le dossier. «Nous avons reçu une invitation pour nous rendre demain (aujourd'hui, ndlr), au ministère des Transports. Une délégation de nos représentants ainsi que ceux de l'Unat sera reçue à 9h30 par un responsable, en vue de trouver une issue à la crise», a confirmé, hier, un membre du collectif des transporteurs de Tizi Ouzou. Et d'ajouter : «Malgré cela, l'opération de soutien des wilayas du Centre est toujours maintenue. Nous espérons, par contre, trouver une oreille attentive au ministère, et enfin, une issue à ce conflit qui n'a que trop duré.» Après les deux opérations «Escargot» et la fermeture des accès de la ville de Tizi Ouzou, les transporteurs vont, aujourd'hui, faire une autre démonstration de force, ce qui pourrait peut-être pousser les pouvoirs publics à revoir leurs cartes.