Les 17 marins algériens sont toujours otages des pirates somaliens. Leurs familles, auxquelles on a souvent promis le dénouement imminent de l'affaire, ne croient plus aux promesses. Elles demandent l'intervention du président de la République. Après le sit-in devant le ministère des Affaires étrangères dont la réaction par le biais de son porte-parole Amar Belani ne s'est pas fait attendre après, notamment notre reportage effectué sur les lieux, les familles ont organisé jeudi un autre rassemblement à la place du 1er-Mai «pour informer aussi l'opinion publique qui ignore en majorité notre détresse». Si, pour le ministère qui a réagi le même jour pour affirmer que «contrairement à ce qui a été rapporté, ce jour, par certains titres de la presse nationale, les autorités algériennes suivent de très près et avec une attention soutenue la situation de nos ressortissants détenus par des pirates au large de la Somalie», les familles des otages «veulent connaître la vérité sur leur sort». «Parallèlement, nous maintenons le contact avec certains de nos partenaires et nous continuons de suivre régulièrement, au sein de la cellule de suivi du ministère, la situation en relation avec un certain nombre d'intervenants dont la compagnie IBC qui est, elle, en contact quasi-quotidien avec l'affréteur étranger», lit-on encore dans le communiqué du ministère. «La discrétion est de rigueur dans de pareilles situations pour préserver l'efficacité des efforts en cours», a expliqué M. Belani, affirmant que «l'Etat algérien est pleinement mobilisé dans le cadre de sa mission essentielle de protection des nationaux à l'étranger, pour obtenir la libération de tous nos compatriotes dans les meilleurs délais possibles». Interrogé sur les assurances du ministère des Affaires étrangères quant à «l'attention soutenue» avec laquelle est suivie l'affaire de ces ressortissants, Fouzi Aït Ramdane, fils d'un des otages et porte-parole des familles des marins, «n'en croit pas un traître mot». «Vous étiez avec nous mercredi devant le ministère de AE. Nous avons demandé une entrevue avec le secrétaire général du ministère en vain», affirme-t-il, avant de poursuivre : «Nous y sommes restés jusqu'à 15h sous une chaleur atroce et aucun responsable n'a daigné nous recevoir. Aucun geste, même pas une bouteille d'eau pour les enfants», se désole-t-il. Regrettant que plus de 7 mois après la prise d'otage, «l'Etat algérien ne fait que nous renvoyer à l'affréteur jordanien», alors que le directeur général de l' International Builk Carriers (IBC), Nassereddine Mansouri, est en congé. «On ne sait même pas s'il y a réellement négociations», avoue notre interlocuteur qui s'interroge : «Et si un des otages appelait l'IBC, comment le saurait-on alors que M. Mansouri, vers lequel on nous renvoie à chaque fois, est en congé ?» «Les familles demandent des garanties écrites de l'Etat ou de l'affréteur pour nous rassurer quant à leur libération», explique-t-il, non sans insister sur la «communication de l'information à propos des otages, bonne ou mauvaise». Le porte-parole des familles regrette que beaucoup de gens ignorent le calvaire des familles et que la télévision algérienne, média lourd, ne fait rien dans ce sens. La télévision française s'est mobilisée 543 jours durant pour la libération des deux journalistes détenus en Afghanistan», fait-il remarquer avant d'appeler pour la énième fois le président de la République «seule personne qui peut désormais nous rassurer», à intervenir pour le dénouement de l'affaire. «Nous resterons mobilisés jusqu'à la libération de nos parents», conclut notre interlocuteur affirmant que d'autres actions de protestation sont prévues.