Erik Gothlin, PDG de Wabag, a affirmé hier que son bureau d'étude implanté en Algérie n'a pas obtenu de contrats pour la réalisation d'ouvrages hydrauliques depuis deux ans, en dépit de sa grande maîtrise dans le domaine. Cette boîte autrichienne compte à son actif la réalisation de 6000 installations dans 20 pays. «Nous ne travaillons plus dans ce domaine puisque nous n'avons pas obtenu de contrats malgré les offres intéressantes que nous avons formulées», a indiqué M. Gothlin lors d'une conférence de presse animée à l'ambassade autrichienne sous le thème «Transfert de technologie dans le domaine des ressource en eau». Le conférencier qui a dit ne pas avoir eu d'explications sur ce «refus», a indiqué qu'il était disposé à se conformer au nouveau cadre réglementaire algérien. «Nous allons trouver une manière de travailler selon la règle 51-49, que ce soit à travers un partenariat ou autre formule car nous voulons continuer d'opérer en Algérie», dira-t-il. Selon lui, l'Algérie a fait une bonne planification de la gestion de l'eau et beaucoup de travail reste à faire dans le prochain quinquennat. «Nous avons fait beaucoup d'offres, nous connaissons bien le marché, les clients et l'environnement. Nous voulons juste être opérationnels», a-t-il expliqué. Ce bureau d'étude née d'une coopération autricho-allemande est installé en Algérie depuis 2003 et emploi 300 personnes. Il a contribué à la réalisation de plusieurs projets de stations de dessalement et d'épuration d'eau. «Nous avons formé plusieurs cadres algériens dans la gestion de ces ouvrages. Nous avons même fait dans l'exportation de la main-d'œuvre puisque des ingénieurs algériens maîtrisant leur travail gèrent des ouvrages dans d'autres pays», a-t-il précisé. Le bureau d'étude a eu 15 contrats en 10 ans et a réalisé des stations à Baraki, Réghaïa, Oran et Batna. Répondant à la préoccupation de Wabag, Mokrane Benaïssa, représentant du ministère des Ressources en eau, a imputé ce «blocage» aux nouvelles dispositions du code du marché promulgué depuis deux ans. «L'investissement est géré par une nouvelle réglementation. Les dispositions du code du marché imposent un certain nombre de conditions pour la soumission. Le marché compte beaucoup d'entreprises et bureaux d'étude nationaux qui sont très compétents. Il y a donc de la compétitivité, l'application de la règle de préférence nationale», a-t-il expliqué. Pour ce responsable, la règle de 51-49 «ne veut rien dire» dans la mesure où «c'est l'entente qui permet la durabilité de l'investissement entre les partenaires concernés». Ulrike Straka, conseiller commercial à l'ambassade d'Autriche, a affirmé que le volume des échanges commerciaux entre les deux pays est situé entre 300 et 400 millions d'euros par an. Ce chiffre a connu une légère baisse durant les deux dernières années en raison de la crise économique. Une dizaine d'entreprises autrichiennes sont présentes dans l'investissement avec un chiffre d'affaires avoisinant les 100 millions d'euros. Les Autrichiens sont présents dans les domaines de la pharmacie, le transport ferroviaire, le coffrage, la construction, l'industrie du papier et les services. M. Straka estime que la baisse des investissements étrangers en Algérie n'est pas la conséquence de l'application de la règle 49-51% uniquement mais cette situation est due à plusieurs facteurs dont le climat d'investissement, du manque de concertation entre le gouvernement et les opérateurs avant d'élaborer des lois. «Il faut d'abord se poser la question si les Algériens eux-mêmes investissent et créent de l'emploi ?», s'est-elle interrogée. Elle estime que l'Algérie n'a pas besoin de gros gains et de la construction de grandes unités mais juste de transfert de technologie «que les Autrichiens sont capables d'offrir».