(Djamaâ El K'bir) fut construite par l'Almoravide Youssef Ibn Tachfin en 1097. Le minaret date de 1324 et fut construit par le sultan Zianide de Tlemcen. La salle de prière, sans coupole centrale, est hypostyle; les piliers sont reliés par de grands arcs. Le mihrab est décoré de colonnes et de céramique. Le minaret est surmonté d'une hampe que traversent trois boules de cuivre de grosseur décroissante. La galerie extérieure n'est pas d'origine. Elle a été ajoutée en 1836. Ses colonnes de marbre à chapiteaux décorés de motifs floraux proviennent de la mosquée Es Sayida qui s'élevait à la Place des Martyrs et que l'on jeta à bas en 1830. Plus récemment, on a recouvert les tuiles rouges de son toit de rouleaux d'étanchéité. Elle est construite en pierre, brique, tuile, bois sur une charpente de bois. Le décor intérieur est fait de céramique et de bois. La Grande Mosquée est située à la Rue de la Marine, à côté de la pêcherie et est la plus ancienne mosquée d'Alger. Cette mosquée de plan arabe, emblématique de l'architecture religieuse almoravide, est la plus grande et la plus ancienne mosquée d'Alger. L'édifice rectangulaire est plus large que profond et couvert de doubles toitures en tuiles, comme toutes les mosquées almoravides. On accède à la cour par un portique conduisant à trois entrées percées dans le mur nord. La cour barlongue est entourée de portiques dont certains constituent le prolongement des nefs de la salle de prière. Celle-ci, également munie d'entrées latérales, est divisée en onze nefs perpendiculaires au mur Qiblî et en cinq travées. Les arcs polylobés parallèles au Mihrab alternent avec des arcs outrepassés légèrement brisés perpendiculaires à celui-ci, qui reposent sur des piliers rectangulaires et cruciformes. À côté des arcs brisés que l'on trouve déjà dans les monuments antérieurs, les Almoravides ont fait une large place dans leur décor à d'autres formes d'arcs. Ils développent au Maghreb l'arc polylobé, que les Andalous avaient utilisé à la Grande Mosquée de Cordoue, en le diversifiant ; ils emploient des arcs à cinq, neuf et onze lobes, introduisant dans leurs édifices religieux une véritable hiérarchie des arcs qui sera retenue par leurs successeurs. La robustesse des piliers et l'élégance des arcs outrepassés brisés donnent aux travées de la Grande Mosquée d'Alger une simplicité harmonieuse. La nef centrale, plus large, est magnifiée par des arcs qui s'enrichissent de découpures en lobes circonscrits de galons entrelacés. Elle conduit au mihrâb qui fut reconstruit. Flanqué de deux colonnettes spiralées et surmonté d'un arc en ogive décoré de stucs en relief, il est creusé d'une niche à fond plat à pans coupés. Il n'a malheureusement pas conservé son décor. De part et d'autre du mihrâb, deux portes donnent accès à de petites pièces barlongues. L'une conserve encore son ingénieux système de rails au sol, qui permettait de mouvoir le minbar pourvu de roues de la réserve jusqu'à la salle de prière. Son minbar, conservé actuellement au Musée national des Antiquités et des Arts islamiques, est le plus ancien et le plus finement ciselé d'Algérie. Dans l'angle nord-est subsiste Bâb al-Jenina, avec ses différentes pièces de service réservées à l'imam, ainsi que le minaret. Sa position dans l'édifice est une particularité observée chez les Zianides. Son fut quadrangulaire s'achève par des merlons à degrés et un lanternon au profil similaire. Sa surface est animée de niches rectangulaires aux arcs polylobés aveugles et de céramiques bleues et blanches dues à une restauration d'époque coloniale.