Le procès d'Hosni Moubarak s'ouvrira aujourd'hui à l'école de police du Caire et sera télévisé, ont annoncé l'agence officielle de presse MENA et le juge chargé du dossier. Le chef de l'Etat déchu est notamment poursuivi pour homicides avec préméditation dans le cadre de la répression du mouvement de contestation qui a provoqué sa démission, mais aussi pour abus de pouvoir et détournement de fonds publics. Son avocat pourrait toutefois faire valoir auprès du tribunal que Moubarak, hospitalisé depuis avril à Charm el Cheikh, sur la mer Rouge, est trop faible pour assister aux audiences. Dimanche, l'état de santé de l'ancien raïs, âgé de 83 ans, était qualifié de «stationnaire» par l'hôpital, où l'on admet que ses facultés mentales vont en se dégradant. Dans un communiqué officiel, le ministre de l'Intérieur, Mansour el Essaoui, a indiqué avoir reçu une lettre du procureur demandant à Moubarak d'être présent aujourd'hui au Caire. De très nombreux Egyptiens jugent que la maladie et la détention sur les bords de la mer Rouge de l'ancien raïs est un stratagème des généraux du Conseil suprême des forces armées (CSFA) au pouvoir pour éviter d'humilier publiquement leur ancien chef. Ainsi, on lui a jusqu'à maintenant épargné d'être transféré dans une prison cairote, contrairement à ses deux fils et à d'autres anciens dirigeants en attendant leurs procès. «Selon la parole divine, si vous devez juger les gens, vous devez le faire avec justice», a déclaré Ahmed Refaat, qui présidera la cour chargée de juger Hosni Moubarak, lors d'une conférence de presse houleuse. Le juge a précisé dimanche que 600 personnes au maximum pourraient assister à l'audience, qui sera télévisée. Seules les caméras de la télévision d'Etat seront autorisées, a dit le juge. L'ancien ministre de l'Intérieur, Habib al Adli, comparaîtra également aujourd'hui pour les mêmes charges, de même que d'autres responsables et les deux fils de l'ancien raïs, Alaa et Gamal, également jugés pour corruption. La répression du mouvement de contestation qui a précédé en janvier-février la chute du chef de l'Etat a fait, selon les chiffres officiels, 840 morts.