C'est demain que Hosni Moubarak, ancien président égyptien, comparaîtra devant les juges. Dans une grande première dans le monde arabe, un président évincé par une révolte populaire est présenté devant la cour criminelle pour un certain nombre d'accusations. Hosni Moubarak, 83 ans, devra répondre de faits de corruption et de meurtre. Ce dernier chef d'inculpation est passible en Egypte de la peine de mort. Le pharaon, comme se plaisent à l'appeler les médias, est présenté comme un «meurtrier» pour certains Egyptiens, et un vieillard malade pour les autres. Six mois après son éviction, le traitement qui lui sera réservé divise les Egyptiens aujourd'hui. La quasi-totalité des familles des 850 victimes et des 6 000 blessés de la révolte réclament l'application de la loi du talion. La santé de Moubarak fait l'objet d'informations contradictoires. Son avocat, Farid el-Dib, a déclaré en juin dernier que son client souffrait d'un cancer de l'estomac et en juillet qu'il était dans un «coma complet». Des informations démenties par l'hôpital et par le ministère de la Santé. Des sources médicales à l'hôpital de Charm el-Cheikh, où il est placé en détention provisoire depuis avril, ont assuré qu'il était dépressif et qu'il avait perdu l'appétit même si son état restait «relativement stable». Une chose est sûre, il n'est pas apparu en public depuis sa démission le 11 février, ni depuis sa résidence de Charm el-Cheikh, sur la mer Rouge, où il s'est d'abord rendu, ni depuis l'hôpital de cette ville où il a été admis en avril à la suite d'un problème cardiaque. Son procès demain permettra aux Egyptiens de voir celui qui les a dirigés pendant trente ans d'une main de fer. Depuis sa démission le 11 février dernier, les avoirs de Moubarak et de ses fils ont été gelés, mais le montant exact de leur fortune reste inconnu. L'homme qui dirigea le pays le plus peuplé du monde arabe est passible de la peine capitale s'il est reconnu coupable de la répression meurtrière du soulèvement de janvier et février derniers et d'enrichissement illicite.Le président du tribunal pénal du Caire, chargé de juger le président déchu, s'est engagé à ce que le procès soit rapide, a rapporté dimanche dernier l'agence officielle Mena, alors que l'opinion redoute qu'il soit ajourné sitôt après son ouverture. Le procès de l'ancien président «se tiendra tous les jours jusqu'à son terme», a assuré le juge Ahmed Refaat, précisant que les audiences seraient retransmises en direct à la télévision «pour rassurer le peuple sur la crédibilité de la procédure», selon Mena. Sera également jugé au cours de ce procès son ancien bras droit, en l'occurrence l'ancien ministre de l'Intérieur, Habib el-Adli. Un homme particulièrement détesté pour avoir notamment ordonné le déploiement de snipers lors de la révolte sur les toits des immeubles donnant sur la place Tahrir. Seront jugés également les deux fils Moubarak Alaa et Gamal. Ce dernier a, jusqu'à la chute du régime, fait figure de successeur présumé de son père.Six adjoints d'el-Adli comparaîtront également devant le tribunal ainsi qu'un homme d'affaires très proche de Moubarak, Hussein Salem, en fuite en Espagne où il est placé en détention provisoire depuis le 17 juin, et soupçonné de «blanchiment d'argent, fraude, subornation, escroquerie et corruption». Les contestataires qui occupaient la mythique place Tahrir au Caire ont décidé de suspendre leur rassemblement quelques jours avant la tenue du procès de l'ancien président égyptien Hosni Moubarak. Les rassemblements et les sit-in sur la place Tahrir ont été déclenchés le 8 juillet pour demander l'accélération des réformes politiques et le jugement des responsables de l'ancien régime de Moubarak. Vingt-six mouvements et partis ont décidé de mettre fin au sit-in, estimant que le prochain procès de l'ex-président Moubarak est un pas important vers la satisfaction de leurs revendications. G. H./Agences